Ces derniers jours nous ont démontré qu’il y a encore plusieurs familles qui attendent une place pour leur enfant dans notre réseau de services de garde éducatifs à l’enfance. Connaître le nombre de parents (et de tout-petits) qui attendent est primordial pour l’avancement du Grand chantier pour les familles.

Néanmoins, que ce soit 72 000, 51 000 ou 33 000 familles qui attendent sur la liste, la réalité demeure la même sur le terrain : il y a un manque criant de personnel dans notre réseau. Même si on réussit à créer ces places sur papier, il n’y a pas assez d’éducatrices pour que ces places soient occupées par des enfants.

La pénurie de main-d’œuvre devrait être l’une des priorités pour le Grand chantier pour les familles. Sans l’ensemble du personnel qui œuvre à l’éducation de nos tout-petits, nous serons encore dans la même situation pour les décennies à venir.

D’ailleurs, parlant de chiffres, les données sur les postes vacants et le nombre d’intervenantes à embaucher demeurent imprécises. La création de places va de pair avec la gestion et l’embauche du personnel en petite enfance, cela va de soi.

Quand nous savons que 50 % des éducatrices et éducateurs qui quittent le réseau le font dans la première année et que le programme collégial de techniques d’éducation à l’enfance reçoit de moins en moins d’inscriptions chaque année, il est impératif de réfléchir dès maintenant à l’avenir de la profession, et pas seulement à des solutions à court terme comme les formations courtes.

Il faut également poursuivre les efforts déployés qui ont réussi à arrêter l’hémorragie en milieu familial régi et subventionné. C’est de bon augure de voir des ouvertures, mais il ne faut pas perdre de vue que des places sont disponibles dans cette catégorie de services à l’enfance, bien qu’elles ne soient pas occupées en raison du manque d’intervenantes.

Nous ne doutons pas de la volonté de tous les acteurs de vouloir compléter le réseau et de lui permettre de répondre aux besoins de toutes les familles, comme il était prévu au départ en 1997, par Pauline Marois.

Il est toutefois essentiel que nous nous penchions, et vite, sur une stratégie à moyen et long terme afin d’attirer la relève en petite enfance et nous assurer que les intervenantes en place poursuivent leur carrière au sein de notre réseau.

Des solutions concrètes, il y en a et nous continuerons à en proposer, notamment dans le cadre des prochaines négociations à venir dès ce printemps.

Les bénéfices du réseau en petite enfance ne sont plus à prouver : les tout-petits qui le fréquentent ont moins de difficultés dans le réseau scolaire, le réseau permet une meilleure égalité des chances pour les enfants provenant de tous les milieux et permet à des milliers de femmes de poursuivre leur carrière après le congé parental.

C’est une richesse humaine, éducative et sociale qui est portée à bout de bras par du personnel de plus en plus épuisé et de moins en moins présent sur la ligne de départ. Ne perdons surtout pas de vue l’idée que sans les intervenantes en petite enfance, la création de places ne pourra se réaliser à la hauteur des besoins éprouvés par les familles québécoises.

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