L’auteur réplique à la lettre de Pascal Leduc, « Le Québec, cancre en distribution de traitements et de médicaments de base⁠1 », publiée dans la section Affaires le 30 janvier.

Plus tôt cette semaine, le Forum des affaires de La Presse+ a publié un texte d’opinion intitulé « Le Québec, cancre en distribution de traitements et de médicaments de base ». Son auteur faisait état du retard supposé du Québec par rapport aux autres provinces quant à l’accessibilité de certains médicaments. Il critiquait en prime le rôle supposément limité du pharmacien québécois à prescrire des médicaments par rapport à ses homologues ontariens, des affirmations erronées. Remettons les pendules à l’heure.

Tout d’abord, déboulonnons l’idée selon laquelle le Québec serait à l’arrière des autres provinces canadiennes quant à l’accessibilité de certains médicaments offerts en vente libre. Dans son texte, l’auteur cite, par exemple, l’accessibilité du Gravol, en vente libre en Ontario, contrairement au Québec, où il est accessible aussi sans ordonnance, mais derrière le comptoir, sous contrôle du pharmacien. Cette situation touche un nombre limité de médicaments, une dizaine ou une vingtaine, tout au plus.

Pourquoi cette différence ? Au Québec, nous faisons preuve d’une plus grande prudence que d’autres provinces ou États en Amérique du Nord lorsqu’il est question de la prise de médicaments.

Pour le cas du Gravol, par exemple, le fait qu’il soit sous le contrôle du pharmacien lui permet de questionner le patient afin de s’assurer que la prise de ce médicament ne masque pas des problèmes de santé sérieux.

Le réseau des pharmacies étant fortement étendu au Québec, cette façon de faire ne constitue pas un frein à l’accessibilité. De plus, les pharmaciens d’ici peuvent prescrire les médicaments sans ordonnance, ce qui favorise l’accès, permettant ainsi la couverture par les assureurs publics et privés pour certains produits. Cela évite également des visites médicales inutiles pour les centres de la petite enfance (CPE) et les résidences pour personnes âgées (RPA).

Le pharmacien québécois, en avance sur ses voisins

Dans son diagnostic, l’auteur du texte soulignait aussi l’importance d’offrir plus de latitude au pharmacien dans la prescription de médicaments, en soulignant le fait que l’Ontario vient « d’innover dans ce chapitre ».

C’est plutôt le contraire. Depuis 2015, les pharmaciens au Québec sont habilités à prescrire des médicaments pour une foule de problèmes mineurs de santé, comme les conjonctivites allergiques, l’herpès labial ou les infections urinaires, sous certaines conditions. Il peut même amorcer un traitement pour un patient présentant des signes de zona.

La grande majorité des conditions mineures pour lesquelles les pharmaciens ontariens peuvent prescrire, le pharmacien au Québec peut le faire aussi. L’Ontario a simplement rattrapé le retard sur les autres provinces.

Le cas Paxlovid

En pleine pandémie, et dans un contexte où les urgences débordaient, les pharmaciens du Québec ont obtenu l’autorisation de prescrire le Paxlovid, un traitement visant à réduire les symptômes de la COVID-19 chez les personnes à risque de complications. Ils étaient pratiquement les premiers au monde à pouvoir le faire. Non seulement cette opération s’est avérée un succès, mais en plus, l’accès au Paxlovid pour les patients aptes à l’obtenir a considérablement augmenté une fois que les pharmaciens ont pu le prescrire. La preuve, plus de 66 % des ordonnances pour le Paxlovid ont été faites par les pharmaciens.

Grâce à la collaboration interprofessionnelle et à l’ouverture du Collège des médecins du Québec, la pharmacie au Québec est parmi les plus avancées au monde. C’est toute la société québécoise qui en bénéficie.

1. Lisez la lettre de Pascal Leduc Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion