Les années 1970 auront décidément marqué toute une époque alors que les boules disco, les pantalons à pattes d’éléphant et l’étalement urbain régnaient en maître dans une ère d’insouciance collective où tout était possible. Mais 50 ans plus tard, nous sommes encore aux prises avec un vestige de cette époque qui a décidément mal vieilli : le mode de financement des municipalités.

Depuis quelques années, les discours publics en faveur de la protection des milieux naturels qui protègent notre biodiversité et des terres agricoles qui nous nourrissent ne manquent pas et circulent abondamment ! Le gouvernement du Québec prône d’ailleurs depuis longtemps (à juste titre) l’importance de limiter la perte de milieux naturels et agricoles. Toutefois, la réalité du terrain agit à l’encontre de ces objectifs. Au moment d’écrire ces lignes, détruire un milieu naturel boisé ou une terre agricole en vue d’y faire du développement rapporte plus à une municipalité que leur protection, à cause d’une entrée de taxes et d’une valorisation foncière issue d’un autre temps.

L’appât du gain foncier a malheureusement encore de beaux jours devant lui et, tristement, le paradoxe municipal est plus vivant que jamais. Quel message envoie-t-on collectivement à nos enfants ?

Avec la perte de plus de 9500 hectares de terres agricoles seulement entre 2016 et 2021 (sans compter les milieux naturels ou humides), le constat est clair : les garde-fous existants (CPTAQ, ministères des Affaires municipales et de l’Environnement, pour ne nommer que ceux-là) ne sont pas assez forts pour contrer la pression fiscale locale et limiter l’étalement urbain en vue de protéger adéquatement nos milieux. Si une nouvelle génération d’élus municipaux s’engage plus que jamais en faveur de la protection de notre territoire, le constat reste que la protection de milieux naturels et agricoles est essentiellement un choix politique. Les municipalités qui font leurs devoirs mériteraient d’être valorisées financièrement pour leurs choix. En revanche, que faire à l’endroit des municipalités qui perpétuent l’ère de l’insouciance ?

Dans sa Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire, le gouvernement du Québec conviait « l’ensemble des acteurs à être un moteur d’un véritable projet collectif en faveur de la création de milieux de vie durables ». En tant qu’élus municipaux, nous saisissons aujourd’hui cette main tendue. Notre position est sans équivoque : tant que la destruction des milieux naturels et des terres agricoles rapportera plus que leur protection, les municipalités seront toujours confrontées à des choix déchirants, au détriment de la qualité de vie de nos citoyens et, surtout, des générations futures. Il est temps d’agir pour elles.

* Cosignataires : Christine Beaudette, mairesse de Boisbriand ; Julie Boivin, mairesse de Sainte-Anne-des-Plaines ; Julie Bourdon, mairesse de Granby ; Jean-Pierre Charron, maire de Saint-Julienne ; Joé Deslauriers, maire de Saint-Donat ; Martin Dulac, maire de McMasterville ; Josyanne Forest, mairesse de Saint-Jacques ; Paul Germain, maire de Prévost ; Alain Goyette, maire de La Visitation-de-l’Île-Dupas ; Normand Grenier, maire de Charlemagne ; Michel Jasmin, maire de Saint-Calixte ; Guillaume Lamoureux, maire de La Pêche ; Germain Majeau, maire de Saint-Esprit ; Patrick Massé, préfet de la MRC Montcalm ; Pierre Mercier, maire de Saint-Roch-Ouest ; Jonathan Moreau, maire de Saint-Apollinaire ; Philippe Pagé, maire du Canton de Saint-Camille ; Ghislaine Pomerleau, mairesse de Saint-Liguori ; Liza Poulin, mairesse de Blainville ; Julie Pressé, mairesse de Fortierville ; Michel Ricard, maire de Saint-Alexis ; Adam Rousseau, maire de Saint-François-Xavier-de-Brompton ; Mathieu Traversy, maire de Terrebonne ; Véronique Venne, mairesse de Sainte-Marie-Salomé

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion