Février, c’est le mois du cœur. Il y a encore beaucoup trop d’inégalités entre les hommes et les femmes en 2023, ces écarts se font toujours sentir dans plusieurs domaines, notamment celui de la santé cardiaque et cérébrale des femmes.

Je le sais, car je m’intéresse grandement à ce sujet depuis plus de 10 ans. Depuis que ma cardiologue, la Dre Lena Rivard, m’a annoncé que je devais subir une opération du cœur par cathéter pour des extrasystoles, une forme d’arythmie.

Je vivais avec cette condition depuis l’adolescence, mais elle s’est intensifiée après ma deuxième grossesse. Les changements hormonaux y étaient sans doute pour quelque chose, mais chaque fois que je consultais, on minimisait mes propos et on y accordait peu d’importance. Je relatais mes symptômes, posais des questions, en vain. J’avais l’impression de faire perdre du temps : « Ce n’est rien. » « On n’en sait pas trop sur les extrasystoles, c’est très courant et plutôt féminin. » « Ce n’est pas vraiment grave », etc.

Peut-être pas grave, mais je ressortais tout de même avec des médicaments bêtabloquants, ce qui n’est pas anodin !

Sportive, j’avais du mal à faire du cardio sans être essoufflée, voire épuisée. Je n’arrivais plus à dormir et ne faisais qu’écouter les battements irréguliers de mon cœur à travers mon matelas. Une spirale anxiogène dans laquelle je me suis sentie bien seule… Ma qualité de vie de jeune maman en était considérablement affectée.

C’est à ce moment-là que j’ai décidé de prendre ma santé en main et d’être proactive ! Ma motivation était telle que je pouvais affronter ce parcours du combattant qu’est l’accès à notre système de santé.

Mon héroïne

Mes nombreuses recherches m’ont mise sur la piste de la Dre Rivard à l’Institut de cardiologie de Montréal, et de l’ablation par cathéter, l’opération que j’ai finalement eue. À l’époque, cette médecin était la seule à pratiquer ce genre d’intervention au Québec. À peine 15 minutes dans son bureau, et j’apprenais qu’effectivement, les extrasystoles étaient une forme d’arythmie assez commune, mais que j’en avais tellement, de façon si irrégulière, qu’il m’était impossible de vivre normalement…

J’étais enfin comprise et entendue. Comme quoi, il ne faut jamais sous-estimer sa petite voix intérieure… Ça valait la peine de me battre et de défendre ma santé. On me proposait alors une solution concrète et, dans mon cas, ce fut un succès. Après une opération de six heures, j’ai pleuré de joie quand, pour la première fois, j’ai vu à l’écran mon cœur battre de façon régulière. Je suis toujours émue lorsque je croise ma cardiologue dans un évènement ou un rendez-vous de routine. À jamais, elle sera mon héroïne…

Dans les mois qui ont suivi cet évènement marquant, les gens de Cœur + AVC m’ont contactée afin de connaître mon intérêt pour leur cause. Ils ignoraient ma situation et comme je ne crois absolument pas au hasard, j’ai vu cet appel comme un signe qu’il fallait que je m’implique ! Et depuis, c’est avec beaucoup de fierté et d’enthousiasme que je suis devenue ambassadrice ! Toutes les causes sont nobles, mais celle-ci me tient particulièrement à… cœur.

J’ai eu l’occasion d’animer de nombreuses soirées et levées de fonds. Un des évènements qui m’a le plus marquée est sans doute le panel d’experts de la santé que je dirigeais dans le cadre d’une campagne visant le financement de recherches spécialement axées sur la santé cardiaque et cérébrale des femmes. C’est là que j’ai réalisé l’iniquité qui existe entre hommes et femmes, notamment parce que les deux tiers des recherches et études cliniques étaient, antérieurement, faites sur des modèles masculins.

Les femmes ne sont pas des hommes de petite taille, notre cœur et notre cerveau sont différents, la recherche doit en tenir compte. Les femmes ont d’autres facteurs hormonaux qui les mettent plus à risque, comme la puberté, la grossesse et la ménopause.

Même les manifestations et symptômes peuvent varier entre hommes et femmes. Par exemple, la crise cardiaque chez l’homme se manifeste souvent de façon plus évidente et moins sournoise que chez la femme. Je me souviendrai toujours du témoignage d’une survivante qui racontait qu’en préparant son souper, elle avait ressenti un malaise et une fatigue extrême, mais prise dans le tourbillon des tâches quotidiennes, de la routine, de sa charge mentale et des enfants, elle avait poursuivi sa journée. Pourtant, elle avait fait une crise cardiaque.

Cette défaillance du système et ces inégalités envers les femmes se traduisent par des lacunes, tant sur le plan de la sensibilisation, que du diagnostic, des médicaments, des traitements et des soins reçus en temps opportun. Les statistiques démontrent encore que 45 % plus de femmes que d’hommes meurent de problèmes de santé cardiaque. C’est d’ailleurs la principale cause de mort prématurée chez les femmes au pays. Des progrès ont été réalisés, mais il en reste beaucoup à faire pour s’assurer que toutes les femmes reçoivent les soins dont elles ont besoin. Il est temps de corriger cette injustice !

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