La majorité des chrétiens canadiens sont sur le point de célébrer la naissance de Jésus-Christ, que les chrétiens croient être Dieu incarné.

À l’occasion de Hanoukka, les Canadiens juifs célèbrent la victoire des Juifs sur l’Empire hellénistique séleucide au IIe siècle avant notre ère, une victoire qui peut être considérée comme la première guerre connue menée pour la liberté de religion. La lumière des bougies allumées pendant huit jours symbolise également le triomphe de la lumière sur les ténèbres.

Mais pour les chrétiens du Moyen-Orient, cette période de Noël n’est pas le « moment le plus merveilleux de l’année » que les Canadiens tiennent pour acquis.

La région même où Jésus est né, a prêché, est mort et, selon la foi chrétienne, est ressuscité des morts, est en train d’être littéralement nettoyée des chrétiens, et ce, après deux millénaires de présence fidèle.

Et nous, Occidentaux, semblons indifférents à cette tragique catastrophe.

Le seul pays de la région qui compte une communauté chrétienne en expansion est Israël, où la population chrétienne a augmenté de 1,4 % en 2020. Les chrétiens y bénéficient de la seule démocratie fonctionnelle du Moyen-Orient où leur liberté religieuse est garantie. Dans un rapport de décembre 2021 du Bureau central des statistiques d’Israël, 84 % des chrétiens interrogés ont indiqué être satisfaits de leur vie en Israël.

Pendant ce temps, dans d’autres pays du Moyen-Orient, nous avons assisté au cours de la dernière décennie à la décimation de communautés vieilles de 2000 ans, et ce, dans l’ignorance ou l’indifférence.

Depuis 2011, la population chrétienne de la Syrie est passée de 1,7 million à moins de 450 000. En Irak, de 1,5 million à moins de 120 000. Les coptes égyptiens quittent la région par milliers.

Même la ville où Jésus est né, Bethléem, a vu sa population chrétienne chuter de 84 % à moins de 20 % aujourd’hui.

À Constantinople, aujourd’hui connue sous le nom d’Istanbul, l’église de la Sainte-Sagesse (Hagia Sophia), qui fut le siège du christianisme orthodoxe pendant plus de 1000 ans, a été retransformée en mosquée par le président autocratique et islamiste de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, en 2020. Peut-on imaginer un moyen plus fort de faire passer le message que ces chrétiens n’ont pas leur place sur leurs terres ancestrales ?

Le rôle du Canada

Les Canadiens, qui professent un profond engagement envers les droits de la personne ici et dans le monde entier, devraient soutenir fermement le droit des chrétiens du Moyen-Orient de vivre en paix et en sécurité, comme l’affirme l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Les chrétiens du Moyen-Orient ne devraient pas être contraints d’immigrer pour pouvoir pratiquer librement leur foi et vivre pleinement selon leur culture et leur tradition.

Paradoxalement, la perte du Moyen-Orient est un gain pour le Canada. Entre 2011 et 2021, les communautés chrétiennes du Moyen-Orient au Canada ont connu une croissance rapide. La population des coptes orthodoxes et catholiques a augmenté de 97 %. Les orthodoxes antiochiens et les melkites grecs catholiques ont vu leur nombre augmenter de 83 %. Quant aux syriaques catholiques et orthodoxes, leur nombre a augmenté de 310 %. Les membres de l’Église assyrienne de l’Est et de l’Église catholique chaldéenne ont augmenté de 340 % ! C’est une richesse pour le Canada et nous devons continuer à être une terre d’accueil.

Mais les chrétiens du Moyen-Orient qui décident de rester sur leurs terres ancestrales devraient pouvoir vivre en paix et pratiquer leur foi ouvertement et en toute sécurité, sachant que le monde les soutiendra lorsqu’ils seront en danger.

Jusqu’à présent, nous les avons collectivement laissé tomber. À Noël et à Hanoukka, engageons-nous à faire beaucoup mieux.

*Andrew Bennett est diacre ordonné dans l’Église ukrainienne gréco-catholique, il a été le premier ambassadeur du Canada pour la liberté religieuse de 2013 à 2016.

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