Dans quelques jours, des centaines de jeunes venus du monde entier se rendront à Montréal pour assister à la 15e Conférence des parties à la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB).

Portant la voix des jeunes générations, de nos communautés et parfois même de nos pays, ces jeunes se préparent à être les témoins des négociations qui se dérouleront entre les murs du Palais des congrès de Montréal.

Beaucoup ressentent le poids écrasant des enjeux. Après tout, la hauteur des engagements des négociateurs des différents pays donnera le ton de la prochaine décennie en termes de protection globale de la nature. Le sort de milliers d’espèces sur le point de s’éteindre ou au bord de l’extinction dépend de ces décisions.

C’est comme si nous étions coincés à bord d’une voiture et que la personne au volant nous conduisait à une vitesse folle vers un précipice. Nous espérons que la voix des passagers qui demandent poliment de ralentir sera entendue.

Mais que se passerait-il si nous décidions de saisir le volant ? Que se passerait-il si nous refusions d’attendre d’être la génération avec le pouvoir décisionnel ? D’avoir l’âge de voter pour agir ? D’être invités à entrer dans la vie politique ?

La COP15 présente une occasion en or de construire, et non seulement d’imaginer, cet avenir.

Parmi les objectifs 2030 que les gouvernements devront négocier dans le cadre de la biodiversité mondiale post-2020, l’un d’eux en particulier a suscité l’attention des jeunes organisateurs et organisatrices et des autres groupes d’intérêt de la société civile.

L’objectif 21, qui n’a pas encore été adopté, vise à « veiller à ce que les peuples autochtones et les communautés locales, dans le respect de leurs droits sur les terres, les territoires et les ressources, ainsi que les femmes, les filles et les jeunes, participent pleinement, équitablement, efficacement et en tenant compte de la dimension de genre à la prise de décision [et à l’accès à la justice] en matière de biodiversité, [tout en renforçant l’engagement de toutes les parties prenantes concernées] ». (Les crochets sont utilisés pour mettre en évidence les éléments qui feront l’objet d’un débat lors de la COP15.)

Si son interprétation la plus généreuse est acceptée en décembre, la cible 21 obligerait tous les pays à la CDB à garantir la participation des jeunes au processus décisionnel national en matière d’environnement. La cible exigerait des nations qu’elles offrent aux jeunes (et aux peuples autochtones, communautés locales et femmes) un siège à la table — ou, en d’autres termes, une main sur le volant.

En pratique, à quoi cela ressemblerait-il ?

Pallier le déficit démocratique des jeunes dans la prise de décisions environnementales peut se faire de plusieurs façons.

Celle qui gagne en popularité parmi les jeunes organisateurs et organisatrices au Québec est la création d’un comité jeunesse permanent sur le climat à l’Assemblée nationale, un comité représentatif des régions du Québec et des membres des Premières Nations et des Inuits du Québec, qui agirait comme entité de référence en amont des décisions qui seront prises par le Conseil des ministres et les ministères et organismes du gouvernement du Québec concernant tout projet ayant un impact sur l’environnement, notamment en ce qui concerne les impacts positifs et négatifs de ces projets sur les jeunes et les générations futures.

Si cette avenue semble lointaine, l’Assemblée nationale du Québec a, en réalité, déjà voté unanimement en faveur de l’examen d’un comité de ce type.

La victoire a été remportée en avril dernier, à la suite du travail de coalition des délégués jeunesse de Génération climat Montréal et de la Délégation des générations futures (soutenues par Oxfam-Québec et L’Écothèque) et des mois après que les délégués précédents ont proposé l’idée pour la première fois aux dirigeants québécois à Glasgow durant la COP26.

Il y a deux semaines, les délégations se sont à nouveau réunies dans le cadre d’une consultation jeunesse, en demandant aux jeunes d’exprimer leur vision sur la forme que devrait prendre cet éventuel comité conseil jeunesse permanent sur le climat. La jeunesse participe, est motivée, est politisée et est prête à faire entendre sa voix.

Désormais, le mouvement est prêt à passer de la phase d’examen à la phase de création. La COP15 présente l’occasion idéale pour le Québec de s’arrimer au consensus transpartisan, de concevoir les cibles du cadre mondial de la biodiversité pour l’après 2020 ici, au Québec, et de donner les moyens aux jeunes Québécois de participer pleinement, équitablement et efficacement à la prise de décisions sur le climat et la survie de la biodiversité.

*Génération climat Montréal est un projet des YMCA du Québec qui cherche à amplifier les voix et intérêts divers des jeunes Montréalais lors de sommets internationaux sur l’environnement.

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