La pandémie de COVID-19 a fait bondir le nombre d’actions qui nous sont désormais possibles depuis le confort de notre domicile. Du télétravail aux consultations médicales, ces deux dernières années ont marqué une véritable révolution.

Notre réponse au VIH n’y a pas échappé. Les trousses d’autotest du VIH, offertes dans d’autres pays bien avant la pandémie, ont reçu l’approbation de Santé Canada à la fin de 2020. L’autodépistage s’est révélé prometteur dans les pays où il était déjà déployé, notamment pour augmenter le taux de dépistage du VIH parmi les personnes qui ont moins accès au système de soins de santé. Nous avons également vu dans le dépistage à domicile une possible solution de rechange aux cliniques en personne, pendant la pandémie – un besoin exacerbé par les délais d’attente, le nombre élevé de patients et la pénurie de main-d’œuvre auxquels est aujourd’hui confronté le système de soins de santé.

L’approbation d’un autotest n’était cependant qu’un premier pas. Le seul autotest du VIH approuvé au Canada se vend 35 $, lorsqu’acheté directement du fabricant, plus les frais d’expédition. Un tel obstacle lié au prix exclut précisément les types de personnes qui en ont le plus besoin et qui sont les plus susceptibles de vivre avec une infection au VIH non diagnostiquée.

Pour ces personnes, l’autodépistage ne sera pas une option réaliste ou même possible jusqu’à ce que le prix soit réduit ou l’obstacle aboli.

C’est pourquoi j’ai applaudi lorsque le gouvernement du Canada a annoncé, l’été dernier, qu’il allait investir 8,8 millions de dollars pour acheter et distribuer des trousses d’autotest du VIH aux communautés qui en ont le plus besoin au pays. Pour ce faire, il s’associera à des organismes, des réseaux et des prestataires de services qui disposent déjà des ressources humaines et de l’infrastructure pour mettre ces trousses entre les mains des personnes qui en ont besoin. CATIE produira des dépliants faciles à lire qui seront insérés dans les trousses, en plus de former les organismes qui souhaitent distribuer des autotests.

Une situation inquiétante

L’Agence de la santé publique du Canada a récemment publié de nouvelles estimations sur les progrès du Canada dans la poursuite de son engagement international à éliminer le VIH en tant que menace pour la santé publique d’ici 2030. La bonne nouvelle est que, pour ce qui est du diagnostic des personnes vivant avec le VIH, nous avons dépassé nos objectifs les plus récents. Cet investissement dans l’autodépistage, s’il est durable, nous permettra d’atteindre cette cible mondiale. Là où nous prenons du retard, c’est au chapitre de l’arrimage aux soins et traitements de suivi pour les personnes qui ont reçu un diagnostic.

Cette situation est inquiétante à plus d’un égard. Les traitements actuels permettent à une personne séropositive de vivre longtemps et en bonne santé, avec une espérance de vie proche de celle d’une personne séronégative.

Nous savons par ailleurs qu’une personne sous traitement efficace ne peut pas transmettre le VIH à ses partenaires sexuels. Si une personne ne profite pas de ces bienfaits évidents du traitement du VIH, je dois me demander pourquoi.

Manque-t-elle d’informations sur le traitement ? Rencontre-t-elle des obstacles financiers ? A-t-elle des difficultés à s’orienter dans le système de soins de santé ? Il est clair que l’ultime effort pour mettre fin au VIH nécessitera des interventions complexes pour vaincre ces obstacles.

Nous savons également que les obstacles au dépistage et aux soins de santé frappent certaines communautés plus durement que d’autres. Les personnes autochtones, les Canadiens des communautés africaines, caribéennes et noires, les personnes qui utilisent des drogues et les personnes d’autres groupes marginalisés sont moins susceptibles d’accéder au dépistage du VIH et plus susceptibles d’être perdus de vue dans les soins de suivi. Nous devons investir dans des services culturellement adaptés qui tiennent compte des expériences de ces communautés et s’adressent à elles dans leur langue.

Le Canada dispose d’un vaste réseau de prestataires de services communautaires en matière de VIH, et cela fait partie de leur travail. Nous sommes très près de réussir à mettre fin aux nouvelles infections au VIH au Canada, par contre il faudra investir dans les moyens qui s’offrent à nous, comme les autotests, et également dans les organismes qui placent ce dispositif entre les mains des personnes qui en ont besoin.

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