En réplique à la lettre de la chercheuse de l’IRIS Anne Plourde, « Groupe Sélection et soins aux personnes âgées : un emblème des failles du modèle québécois1 », publiée le 23 novembre

C’est avec consternation que nous avons pris connaissance des propos d’Anne Plourde, publiés dans La Presse du 23 novembre. Celle-ci prend prétexte des difficultés financières de Groupe Sélection pour discréditer la contribution des résidences privées pour aînés (RPA) au mieux vieillir des Québécoises et Québécois. Ses propos, truffés d’amalgames douteux et d’affirmations erronées, nous laissent sans mot.

D’entrée de jeu, Mme Plourde prend un dangereux raccourci intellectuel en affirmant que « cette affaire (Réseau Sélection) met en lumière les risques de confier à une industrie privée la responsabilité d’assurer des soins et services souvent essentiels pour les aînés ». Son discours donne à penser que le logement des personnes âgées relève de la responsabilité de l’État et que les RPA logent des aînés qui devraient plutôt être pris en charge par le gouvernement du Québec. Or, une telle perspective est tout à fait irréaliste.

Il est important de comprendre que la responsabilité de l’État québécois consiste à s’occuper de la santé et de la sécurité des citoyens et non de les loger. À plus forte raison lorsque ces personnes sont autonomes, sans égard à leur âge.

Celles qui habitent en RPA ont choisi d’en faire leur domicile en fonction de leurs goûts, de leurs attentes et de leurs moyens. Les enquêtes de satisfaction démontrent, année après année, que quelque 95 % des aînés vivant en RPA sont heureux de leur choix et le recommandent. La vaste majorité des 160 000 aînés qui habitent en RPA sont tout à fait autonomes et le simple fait d’insinuer que l’ensemble d’entre eux nécessitent des soins démontre une incompréhension claire du secteur des RPA et des aînés qui les habitent. Associer la maladie à la vieillesse, c’est malheureusement faire preuve d’âgisme. Et ne pas reconnaître la capacité des personnes âgées à faire elles-mêmes librement le choix du milieu de vie qui leur convient est un manque de respect envers ces personnes. C’est également porter atteinte à la liberté de choix qui est un droit fondamental de chacun d’entre nous, quel que soit notre âge.

Est-ce que l’État québécois aide certains aînés à pouvoir continuer de demeurer à domicile en assumant une partie des frais liés aux soins qui leur sont prodigués par du personnel de la RPA ? Absolument et heureusement pour ces personnes puisque cette collaboration entre le public et le privé leur permet de vivre plus longtemps dans le domicile qu’elles ont choisi, retardant et parfois même évitant ainsi leur transfert en CHSLD ou en centre hospitalier.

N’oublions pas qu’il manque actuellement des milliers de places en CHSLD et que les maisons des aînés ne suffiront pas à répondre à la demande grandissante dans les années à venir.

Le secteur public ne dispose tout simplement pas de capacités financières et matérielles (hôpitaux, CHSLD, main-d’œuvre) suffisantes pour remplir sa mission d’assurer la santé des Québécoises et Québécois plus âgés en perte d’autonomie. Le secteur public a donc besoin du privé (RPA) pour servir la population vieillissante du Québec.

La réalité, c’est que 37 000 personnes vont s’ajouter chaque année à la cohorte des personnes de plus de 75 ans, et ce, pour les deux prochaines décennies. Déjà, 20 % de ce segment de la population québécoise vit en RPA, par choix. Toutes les personnes qui œuvrent au cœur du secteur de la santé reconnaissent que malgré toute sa bonne volonté, l’État ne peut affronter seul le tsunami démographique auquel le Québec devra faire face. Le seul moyen d’y parvenir réside dans une collaboration encore plus étroite entre les secteurs public et privé à travers une optimisation des ressources disponibles et des expertises au service du mieux vieillir.

N’en déplaise à certains, le temps n’est plus aux débats philosophiques à savoir qui des secteurs privé et public est le plus méritant. L’heure est à la collaboration, à la complémentarité des expertises et à la mise en commun des ressources disponibles afin de respecter les choix de vie faits en toute légitimité par les personnes plus âgées. Le gouvernement sait très bien que les RPA sont des partenaires essentiels tant pour le présent que pour l’avenir. Les dizaines de milliers de personnes qui travaillent en RPA sont heureuses et fières de travailler de concert tant avec le secteur public qu’avec les ressources du privé pour faire avancer les solutions qui profitent aux personnes plus âgées de tout le Québec. Nous ne demandons qu’à étendre cette collaboration au bénéfice des personnes plus âgées.

1. Lisez la lettre d’Anne Plourde Consultez le site du Regroupement québécois des résidences pour aînés Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion