J’ai été entraîneur de basketball toute ma vie adulte ou presque. J’ai tenté de le faire avec passion, engagement et, le plus important à mon avis, avec bienveillance.

Les révélations de J. E., qui surviennent quelques mois après celles de l’école secondaire Saint-Laurent, m’amènent à un constat bien triste. Nous sommes tous en partie responsables, en tant qu’adultes, en tant que communauté sportive, de ce qui s’est passé dans le milieu du sport étudiant. La diffusion de la responsabilité a fait en sorte que nous avons fermé les yeux et pensé que le succès devait aller de pair avec l’humiliation, la violence et la manipulation. Nous avons justifié, rationalisé et excusé des comportements qui n’auraient jamais dû l’être. Les femmes qui ont dénoncé ces abus répétitifs ont trouvé la force de briser le cercle, enfin.1

Je suis d’avis qu’il existe un remède à cette épidémie de compétition toxique. Ses ingrédients sont simples, mais les implanter pour de bon dans la culture sportive demandera beaucoup de ressources et de volonté.

Formez les entraîneurs

Ne les formez pas à dessiner des jeux ou à mettre au point des tactiques. Formez d’abord des êtres humains sensibles, conscients d’eux-mêmes et empathiques. Montrez-leur à développer et à entretenir des relations significatives, à faire le pont entre le sport et la vie et à accorder de la valeur à chaque individu sous leur responsabilité. Ces habiletés peuvent être apprises et développées, et elles devraient être au cœur des préoccupations des fédérations sportives qui régissent la formation des entraîneurs.

Valorisez les entraîneurs

Le peu de considération accordé à ce travail fait en sorte qu’il peut attirer des individus dont le principal salaire est le gonflement de leur ego. Mettez en place une culture professionnelle qui ne permettra plus ce genre d’abus. À travers les conditions de travail et le salaire, bien sûr, mais aussi en reconnaissant l’apport absolument essentiel des coachs dans le développement socioaffectif d’enfants et d’adolescents en quête de repères, d’identité et d’estime de soi. Si vous connaissez un entraîneur bienveillant et respectueux, ou si vous en avez croisé un pendant votre parcours sportif, prenez donc le temps de le remercier.

Redéfinissez le succès

La colonne des victoires ne devrait plus faire foi de tout. Cela ne signifie pas que la compétition doit disparaître ni que la discipline et la rigueur ne peuvent plus être au cœur des programmes sportifs. Mais si l’objectif ultime est toujours la victoire, la mentalité du « peu importe ce que ça prend » apparaît rapidement, et avec elle la justification de comportements abusifs et dégradants.

J’espère que les institutions et les gouvernements auront le courage d’amorcer ce virage, parce que le sport scolaire peut véritablement changer des vies en mieux et jouer un rôle social positif.

En tant qu’entraîneur, mais surtout en tant que père, j’aimerais participer à ce changement de culture sportive qui nous permettra de dire, une bonne fois pour toutes : plus jamais.

1. Lisez l’article « Des fédérations réagissent au déclenchement d’une enquête » Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion