Avec l’avènement des changements climatiques, les cycles météorologiques vont être grandement modifiés, par exemple une diminution des précipitations entrecoupée d’une augmentation des températures. D’autres phénomènes plus extrêmes se répercuteront à des intervalles plus rapprochés. Or, les mesures d’atténuation et d’adaptation peinent à se mettre en place.

Je suis persuadée que ces nouvelles conditions risquent grandement de perturber les vieilles forêts, puisqu’elles n’auront pas eu le temps de s’y adapter. Selon moi, des répercussions conséquentes sur la biodiversité génétique, spécifique et des écosystèmes sont à prévoir. D’où l’inquiétude grandissante quant à l’avenir de ces écosystèmes exceptionnels.

Les vieilles forêts abritent des populations d’espèces endémiques et à statut qui dépendent des forêts surannées.

Toutefois, les vieilles forêts sont des habitats de moins en moins favorables, puisqu’elles sont de faible superficie, qu’elles sont fragmentées et que celles qui sont protégées sont majoritairement situées dans le sud de la province.

Par conséquent, les anciennes forêts et les espèces fauniques boréales, perturbées par la foresterie, ne reçoivent pas une protection équivalente à celle du Sud, ce qui est complètement paradoxal dans un contexte d’aménagement écosystémique. Qu’en sera-t-il alors de leur conservation sous la pression économique de la récolte forestière et sous l’effet des changements climatiques ?

En raison des changements climatiques, les espèces se déplaceront afin de suivre leur aire de répartition ; cependant, dans un contexte d’espèces dépendantes des vieilles forêts, leur déplacement risque d’être difficile, puisqu’elles devront s’exposer à la compétition et à la prédation présente dans les autres milieux adjacents, bien différents de leurs habitats naturels. À mon avis, ces effets risquent de bouleverser la biodiversité spécifique des forêts anciennes. Alors comment les espèces fauniques parviendront-elles à s’adapter sachant qu’elles se déplacent plus rapidement que les végétaux ?

Perte de biodiversité

La fragmentation des vieilles forêts sur le long terme engendre une perte de biodiversité génétique, puisque les espèces se retrouvent isolées au sein du territoire, ce qui diminue le brassage génétique. L’homogénéité des gènes réduit la résistance et la résilience des vieilles forêts face aux maladies, aux insectes et aux conséquences des changements climatiques.

Toutefois, dans un contexte de migration climatique, je suis convaincue que de nouvelles perturbations (maladies, insectes, etc.) affecteront la capacité d’adaptation des vieilles forêts, puisque l’établissement d’une vieille forêt est un processus qui se déroule sur plusieurs années, entre autres par la sélection naturelle. Au fur et à mesure que les changements climatiques se produiront, ils modifieront la répartition des forêts mondiales. Évidemment, ce ne sont pas toutes les espèces qui seront défavorisées par ces changements, mais, selon moi, celles qui auront de la difficulté à se déplacer risquent de disparaître.

Dans une optique d’aménagement durable, l’aménagement écosystémique vise à réduire les écarts entre la forêt naturelle et la forêt aménagée, et ce, pour les trois composantes de la biodiversité.

Toutefois, les paysages actuels dénotent un déclin des vieilles forêts comparativement aux paysages d’autrefois. Je suis d’avis que cette perte de vieilles forêts dans la matrice d’un paysage composé de différents milieux nuit aux cycles naturels qui se produisent à l’échelle du paysage, comme la réduction du bois mort, une composante majeure et essentielle dans la régénération et la décomposition des vieilles forêts.

Toutefois, ce scénario de gestion des vieilles forêts ne se produit pas uniquement au Québec. Vous avez sans doute entendu parler dernièrement des forêts anciennes de la Colombie-Britannique qui subissent de nombreuses coupes forestières. Que restera-t-il alors de nos anciennes forêts québécoises et canadiennes d’ici 2100 ?

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