La démission, pas si surprenante que cela, de Dominique Anglade de ses postes de cheffe du Parti libéral du Québec (PLQ) et de députée traduit bien l’état de décrépitude d’un parti qui préfère s’entre-déchirer en public plutôt que de faire l’introspection nécessaire à son renouvellement et à sa survie.

Pathétique de voir à quel point on préfère lancer la pierre à la cheffe, plutôt que de regarder comment le parti en est arrivé à se saborder ! Qui n’avait pas compris qu’elle a tenu à bout de bras un parti devenu exsangue, quitté par tous les caciques qui boudaient dans leur coin, et qui n’avaient pas de mots assez durs envers celle qui n’a jamais fait partie de leur gang !

Ce boys club, adoubé par tous comme éminences grises du parti, n’a jamais accepté qu’une femme, issue de la Coalition avenir Québec (CAQ) de surcroît, puisse diriger le PLQ !

Alors soudain, les coffres étaient vides, il n’y avait plus personne pour faire la campagne : le parti, cette machine à faire élire ses candidat.e.s, ne fonctionnait plus. Dans cet aveuglement volontaire, et alors qu’elle tentait de sauver les meubles après cette défaite historique du PLQ, elle a dû essuyer un torrent de critiques pour ses décisions, qu’on a dites inappropriées. Y a-t-il un chef d’un parti à qui un.e député.e dicte comment il doit attribuer ses maigres ressources ? Non, mais il y a une cheffe d’un parti amoindri, qui doit faire son mea-culpa à une députée qui voulait un poste et qui ne l’a pas obtenu !

On le voit, cette inégalité de traitement entre femmes et hommes est patente au PLQ, et plus généralement en politique. Toutefois, personne n’en parle, et tout le monde fait comme si ce problème d’équité femmes-hommes était réglé : il y a des femmes en politique, de quoi se plaint-on ?

Or la démission de Dominique Anglade de son poste de cheffe de parti témoigne au contraire des embûches qu’elle a dû affronter pour se maintenir à cette fonction, et des mauvais procès qu’elle a dû subir tout au long de son mandat et durant la campagne électorale, de la part de ses propres troupes. On souligne aujourd’hui son courage et sa détermination, qui sont en effet exceptionnels, pour cette femme qui a tout laissé de côté pour défendre un parti qui n’a eu de cesse de lui mettre les bâtons dans les roues.

Plus encore, le PLQ, ou ce qu’il en reste, préfère se saborder et perdre éventuellement son statut en perdant sa cheffe et le poste qu’elle avait finalement obtenu de cheffe de l’opposition officielle, plutôt que d’accepter ses décisions et procéder avec elle au nécessaire travail de refondation du parti après sa défaite aux dernières élections.

Devant une telle débâcle, comment croire les partis politiques qui parlent d’équité et de justice ? Qui sont les femmes qui vont vouloir se lancer en politique ? Comment assurer plus d’équité entre femmes et hommes en politique ? Avec sa démission, ces questions deviennent urgentes et ne peuvent plus être balayées sous le tapis. Il en va de l’avenir de notre démocratie.

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