C’est en tant qu’étudiant(es), jeunes juristes et acteur(ices) de demain qu’aujourd’hui nous prenons la parole afin de nous exprimer sur un enjeu qui nous préoccupe gravement : l’état de la planète, les risques causés par les changements climatiques et les réponses que nous jugeons insuffisantes de la part des gouvernements et de la communauté internationale.

Nous sommes cette génération future qui voit l’Amazonie partir en fumée, les glaciers fondre et la biodiversité disparaître à un rythme effréné.

Nous sommes cette génération future qui a vu les politicien(nes) prendre des engagements « pour notre bien », sans pour autant parvenir à inverser la tendance.

Nous sommes cette génération future qui continue de se mobiliser pour convaincre nos gouvernements de l’urgence et de la gravité de la situation et les pousser à l’action. En vain.

Agir est une nécessité

Nous sommes sidérés. La 27e Conférence des parties (COP27) marque le 30e anniversaire du cadre international de négociations sur le climat. Trente ans sans réels résultats, au détriment des intérêts et des besoins de la société civile et des populations, en particulier les plus vulnérables. Les plus récentes études confirment que les États et leurs représentant(es) ont été incapables de se fixer des objectifs suffisants pour éviter le pire, sans même parler de les respecter.

Cette situation est inadmissible. Elle démontre les limites de la gouvernance environnementale internationale. Nous observons un décalage majeur entre les enjeux climatiques, les besoins des populations et les réponses des décideur(es) au niveau international.

Notre voix compte

Nous ne sommes aujourd’hui que très peu impliqués dans la recherche de solutions au niveau international. C’est paradoxal et contre-productif. Il convient de nous donner une voix.

Selon les accords internationaux, les États ont la responsabilité d’établir un cadre d’action pour la protection de l’environnement. Selon ces mêmes textes, en tant que jeune génération, nous avons le droit d’être consulté(es) et d’être impliqué(es).

En ce sens, le Canada s’est engagé, en vertu de l’Accord de Paris, à améliorer la participation du public, l’accès de la population à l’information et la coopération à tous les niveaux en matière de changement climatique.

En outre, la Déclaration de Rio reconnaît que « [l]a meilleure façon de traiter les questions d’environnement est d’assurer la participation de tous les citoyens concernés, au niveau qui convient ». Elle reconnaît également le rôle crucial des jeunes : « [i]l faut mobiliser la créativité, les idéaux et le courage des jeunes du monde entier afin de forger un partenariat mondial, de manière à assurer un développement durable et à garantir à chacun un avenir meilleur ».

Jeune génération, nous avons grandi aux côtés des enjeux climatiques. Juristes en devenir dans des programmes de droit et de droit international, nous suivons une formation qui nous permet de comprendre la complexité des problématiques juridiques en lien avec les changements climatiques.

Ce que nous demandons

Alors que la COP27 débute, nous encourageons nos gouvernements à prendre connaissance des propositions suivantes :

  • Une déclaration d’urgence climatique et une reconnaissance des responsabilités historiques : nous vous demandons de reconnaître l’ampleur et la gravité de la situation, en déclarant un état d’urgence climatique à l’échelle internationale et en mobilisant au plus vite les ressources financières promises, maintenant depuis de nombreuses années ; nous vous demandons de reconnaître vos responsabilités historiques respectives quant aux émissions de gaz à effet de serre et à l’évolution des changements climatiques. Dans une perspective de justice climatique, il est inacceptable pour les États de se réfugier derrière leurs niveaux d’émissions de gaz à effet de serre actuels pour échapper à leurs responsabilités historiques. Chaque État doit faire sa juste part.
  • Intégrer notre groupe au sein des délégations étatiques et aux COP : nous vous demandons d’impliquer les jeunes tout au long du processus de négociations, avant, pendant et après les COP. Il est aujourd’hui fondamental de modifier la façon dont les négociations se déroulent et d’ouvrir les cercles réservés aux États, particulièrement en y intégrant les jeunes générations. Pour cela, nous demandons de pouvoir bénéficier de représentant(es) au sein des délégations officielles de nos gouvernements. Ceci permettra d’enrichir la diversité des perspectives et des approches au sein des délégations et, par voie de conséquence, au sein des forums de négociation.
  • Créer un Forum des jeunes juristes en droit international de l’environnement : nous vous demandons de reconnaître les jeunes juristes comme un groupe légitime de la société civile et leur rôle dans la lutte contre les changements climatiques. Nous vous demandons d’accroître l’influence directe et indirecte des jeunes juristes dans les processus liés aux enjeux climatiques en créant un Forum des jeunes juristes en droit international de l’environnement. Cette instance citoyenne constituerait un carrefour de rencontre et de travail pour les jeunes juristes de tout horizon et soucieux des enjeux climatiques.

* Cosignataires : Dounia Ahmad, Sofia Aissaoui, Emma Boisbunon, Chloé Benoit, Laetitia Bilodeau, Jennifer Bubar, Brianna Brassard, Luca Cezário Tostes Tito, Shyana Charest, Geneviève Charrette, Mathilde Chouinard, Kadiatou Cellou Barry, Sarah-Jade Cyr, Kim Dagenais, Maïka Desjardins, Axel Delannay, Lilly Dorléan, Marie Dykukha, Isadora dos Santos Rodrigues, Cielo Fernandez Otoya, Maxim Francœur, Ariane Giguère, Marianne Hannoun, Anyssa Ibrahim, Claudia Jarry, Sara Johnson, Elena Kamanayo, Dania Kolanitch, Megan L’Abbé, Clovis Lachance, Émilie Latreille, Julie Lessard, Haoran Liu, Marine Audrey Malatchoumy, Timothée Mesnildrey, Yvette Meta Tshibuabua, Alexandre Ross, Maryanne Rouzou, Pauline Rivera, Sophia Scali, Alexandra Terrault, Élisabeth Thibault, Romane Vachon, Claudia Valcarcel Acurio, Elizabeth Viau

Cette lettre ouverte est le fruit du travail collectif d’étudiant·es en droit international de l’environnement à l’UQAM et à l’Université d’Ottawa. Cette initiative a été coordonnée par les professeurs Alexandre Lillo et Thomas Burelli. Elle est appuyée par le Centre québécois du droit de l’environnement et le Centre du droit de l’environnement et de la durabilité mondiale.

Consultez la version longue de cette lettre, disponible sur le site Centre québécois du droit de l’environnement Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion