Les récentes controverses autour des propos toxiques du rappeur Ye et des subventions fédérales octroyées à Laith Marouf ont illustré, si besoin était, la persistance de l’antisémitisme. Année après année, Statistique Canada⁠1 nous indique que les juifs sont le groupe religieux le plus visé par les crimes haineux.

L’antisémitisme n’est pas qu’une collection de statistiques. Il a un impact sur nos voisins, nos amis, notre famille. L’an dernier, Montréal a vu une véritable vague de menaces de mort et d’agressions contre des Montréalais juifs, confirmée par le Service de police de la ville de Montréal. Cet antisémitisme est présent d’une mer à l’autre. Et il n’est malheureusement plus confiné à l’extrême droite, à l’extrême gauche et aux cercles islamistes. Il se répand dans toutes les sphères de la société.

Cette hausse est constatée à travers le monde. Aux États-Unis par exemple, la vénérable et très respectée organisation Anti-Defamation League (ADL) a rapporté une augmentation de 34 % des évènements antisémites par rapport à l’année précédente. En France, où la problématique de l’antisémitisme est des plus préoccupantes, on recense en 2021, une augmentation de près de 75 % d’actes antisémites par rapport à 2020, y compris une augmentation de 36 % des violences physiques.

Sommet Never Is Now à New York

C’est la raison pour laquelle je participerai comme conférencier au sommet Never Is Now2 à New York, organisé par l’ADL, y représentant la communauté juive canadienne.

En 2021, Never Is Now avait rassemblé 11 000 participants de 60 pays. On s’attend à un nombre équivalent de participants cette année.

Outre moi-même, le directeur du FBI Christopher Wray, des élus américains, des représentants de communautés juives de partout dans le monde, des universitaires, des étudiants, des experts et autres y discuteront de l’ampleur du problème et de pistes de solutions possibles.

Pistes de solution pour le Canada

Le Canada peut s’attaquer à ce fléau ici, chez nous.

D’abord, il devrait mettre sur pied une stratégie efficace contre la haine en ligne. Cette stratégie devrait inclure un régulateur indépendant du gouvernement, une définition de la haine basée sur la jurisprudence de la Cour suprême et la définition de l’antisémitisme de la International Holocaust Remembrance Alliance, et mandater une plus grande transparence des plateformes numériques.

Le Canada devrait ensuite augmenter les ressources pour les juges, les procureurs de la Couronne et la police, y compris pour la formation de ceux-ci.

Des directives doivent être élaborées pour guider les procureurs généraux dans l’exercice du consentement requis pour engager des poursuites en vertu des articles 318 et 319(2) du Code criminel.

Le Canada devrait créer des unités de crimes haineux dans chaque grande ville canadienne dont les membres sont des experts en matière de haine.

Et le gouvernement devrait compléter le Programme d’infrastructures de sécurité déjà existant par une initiative — inspirée du Community Security Trust au Royaume-Uni — donnant aux communautés la capacité de dissuader les menaces et d’assumer une partie de la responsabilité de la protection de ses institutions et usagers.

Finalement, l’éducation est essentielle pour comprendre et combattre la haine. Cela est vrai non seulement dans nos écoles. Les autorités peuvent faire mieux en ce domaine.

L’antisémitisme a souvent été qualifié de la « plus vieille haine ». Plus de 75 ans après la Shoah, la haine des juifs est encore très présente. Il en va de nous tous de la combattre.

1. Consultez le site de Statistique Canada 2. Consultez le site du sommet Never Is Now (en anglais) Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion