Depuis deux ans, nous n’avons jamais autant parlé de santé mentale et n’avons jamais autant pris la mesure de la fragilité de nos équilibres.

La détresse psychologique s’est installée dans la population, nous sensibilisant à la centralité et à l’importance d’une bonne santé mentale. Les causes derrière cet accroissement de la détresse : l’expérience de la pandémie et de l’isolement, mais également la hausse du coût de la vie, tout cela sur fond d’une crise écologique sans précédent.

C’est pourquoi le thème de la Journée mondiale de la santé mentale 2022, Make mental health and well-being for all a global priority, nous interpelle particulièrement.

Rendre accessible le droit à une bonne santé mentale pour tous et toutes, c’est un puissant appel à sortir d’une individualisation des difficultés vécues en santé mentale afin de jeter un regard plus large sur les conditions de vie dans lesquelles nous évoluons.

Dans l’état actuel des choses, il n’y a pas d’égalité des chances en santé mentale.

Nos équilibres intérieurs ne sont pas sur la même ligne de départ : mal-logement, pauvreté, négligence, surmenage, isolement, stress et précarité sont autant de conditions qui vont miner notre santé mentale. Sans compter les mauvaises conditions de travail, le harcèlement, la violence conjugale ou familiale…

Mais en plus de nos conditions de vie, on constate également des inégalités dans l’accès à l’accompagnement en santé mentale. Si les plus fortunés peuvent accéder rapidement à de l’accompagnement thérapeutique de qualité, les plus pauvres doivent souvent se rabattre sur la médication. Ces derniers vivront, si leur situation se détériore, la ronde des hospitalisations et des violences médicales ordinaires. L’accès à l’accompagnement en santé mentale, revendiqué par plusieurs groupes sociaux, est pourtant un investissement qui permettrait d’économiser dans d’autres portefeuilles, en évitant les conséquences de tant de souffrance laissée à elle-même !

Or, au-delà des services publics en santé mentale se trouvent, dans l’angle mort de l’attention publique, des centaines de groupes communautaires qui œuvrent à soutenir et à accompagner des personnes dans leur démarche de mieux-être. Parmi ces groupes, les ressources alternatives en santé mentale se mobilisent afin d’offrir des pratiques diversifiées : groupes d’entraide, soutien dans la communauté, art-thérapie, psychothérapie, insertion socioprofessionnelle, promotion-vigilance des droits, hébergement et logement… Des lieux et des liens qui font une différence, soit le thème de la Journée de l’Alternative en santé mentale cette année, nous rappellent qu’au-delà des services publics, cette diversité d’approches en santé mentale contribue fortement au mieux-être de la population.

En adoptant une approche alternative prenant en compte la globalité de la personne, ces groupes communautaires permettent aux personnes de retrouver l’équilibre, de reprendre du pouvoir, d’avoir accès à une information riche et adaptée et de renouer le fil de leur vie. En misant sur l’implication citoyenne et la primauté de la personne, ces groupes changent des milliers de trajectoire de vie, chaque année !

L’action des ressources alternatives en santé mentale est essentielle pour protéger et garantir le droit fondamental de jouir de la meilleure santé mentale possible.

Malgré cela, ces groupes sont sous-financés, ce sous-financement chronique mine leur capacité à retenir l’expertise de leurs employés.

La santé mentale est une dimension humaine incontournable. À nos yeux, il est essentiel que la CAQ s’engage rapidement, lors de ce second mandat, à soutenir davantage ces groupes communautaires qui peinent actuellement à réaliser leurs missions, faute de moyens. L’autre urgence, bien évidemment, est d’agir pour améliorer les conditions de vie de la population, et ce, de façon durable. Souhaitons-nous continuer à ajouter des noms aux listes d’attente indéfiniment ?

Miser sur la solidarité et l’égalité, c’est la seule manière durable de faire face à la crise.

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