Près de la moitié des personnes élues sont des femmes. Je demande à tous les chefs de parti de faire consensus autour de la nomination d’une femme à la plus haute fonction de notre démocratie parlementaire, la présidence de l’Assemblée nationale du Québec. Il n’y a aucune excuse possible. Aucune.

Le 1er juillet 2022 a marqué le 155e anniversaire de l’Assemblée nationale. Depuis la création de cette institution en 1867, les élus ont confirmé la nomination de 44 hommes à sa présidence. En mars 2002, Louise Harel est devenue, et reste jusqu’à ce jour, la seule femme à avoir accédé à cette prestigieuse fonction, la seule à avoir fracassé cet autre plafond de verre, cet ensemble d’obstacles discriminatoires invisibles qui, visiblement, s’est refermé derrière elle à double tour.

Pour le 155e anniversaire de cette institution, je demande à M. Legault et aux autres chefs de parti de faire front commun pour corriger l’histoire. Je leur demande de confier la gestion des délibérations et l’arbitrage des débats à une élue. Ainsi, ils confirmeront qu’à leurs yeux une femme est capable de diriger et d’administrer l’Assemblée nationale et de représenter notre institution sur la scène internationale.

Pas de démocratie sans femmes

Si je demande aux chefs de parti de valoriser la nomination d’une femme à cette fonction, c’est pour que soit confirmé qu’il n’y a pas de limites à leur participation pleine et entière dans les affaires de la cité. C’est pour dire à nos filles, nos leaders de demain, que leur engagement politique est essentiel, attendu et sans limites.

C’est pour que tous et toutes sachent que leur contribution est indispensable pour nous permettre de surmonter les grands défis auxquels notre société doit faire face. Il n’y a pas de démocratie sans elles.

Puisqu’il faut le rappeler, au-delà des compétences généralement reconnues, seulement deux conditions sont requises pour être présidente de l’Assemblée nationale : la neutralité dans l’exercice de la fonction et la légitimité qui est d’office confirmée par le droit de siéger. C’est pas une job de bras !

Il est vrai que la présidente de l’Assemblée nationale est élue par un scrutin secret. Mais si tous les partis acceptent de désigner ou d’appuyer la candidature d’une femme, nos 125 représentantes et représentants n’auront qu’à choisir la plus compétente d’entre elles. C’est pas une job de gars !

Discrimination systémique

Le Conseil du statut de la femme dit que la culture des partis et des institutions est chargée d’obstacles qui nuisent à l’implication des femmes en politique. Même si je le pense, pour ne pas éveiller les susceptibilités, je ne me risquerais pas à dire que la sous-représentation des femmes à la présidence de l’Assemblée nationale relève d’une discrimination systémique guidée par la culture d’un retranchement supra-masculin. Je me contenterai juste de dire… ça n’a pas d’allure !

Si on me le demande, je ne dirai pas que c’est parce que notre démocratie parlementaire est en profonde mutation et que le moment est bien choisi pour inviter tous les partis à faciliter la juste représentation des femmes à la plus haute et la plus ancienne fonction de notre démocratie représentative. Je répondrai que c’est juste parce je trouve que ça n’a pas de maudit bon sens.

J’ai bon espoir que M. Legault, Mme Anglade, M. Nadeau-Dubois et M. St-Pierre Plamondon signifieront clairement aux Québécoises et aux Québécois leur intention de faire ce geste simple, mais combien significatif. Ce ne sont pas les candidatures de qualité qui manquent pour articuler ce changement de culture. Ils n’ont pas d’excuses.

Maintenant que la discrimination faite à ce poste est visiblement flagrante, vous admettrez qu’il est aussi outrageusement indécent que nous n’ayons jamais pris le temps de regarder vers le haut.

Oui, je sais. Moi aussi, il m’arrive de m’excuser de trouver plus confortable de faire semblant de ne pas voir le plafond du blockhaus sous prétexte qu’il est en verre… trempé.

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