La bonne humeur de la cheffe libérale contrastait avec l’ampleur du résultat du 3 octobre dernier. Manifestement, tous les partis de l’opposition s’évertuaient à relater une victoire morale. Le Parti libéral du Québec (PLQ), quant à lui, a dû se rendre à une évidence : sa survie est conditionnelle à sa capacité à faire honneur à son héritage nationaliste.

Les constats des élections générales de 2022 sont multiples : l’inaptitude du PLQ à séduire les régions, l’incapacité à livrer un message cohérent sur l’économie – qui pourtant a longtemps été sa marque de commerce –, mais surtout, l’inhabilité à se reconnecter à l’électorat francophone et à la classe moyenne.

D’ailleurs, en cherchant à tout prix à s’affranchir de son passé, le parti a renié l’héritage auquel les Adélard Godbout, Jean Lesage, Claude Ryan et Robert Bourassa ont contribué et qui a fait de ce parti une force de changement au sein de la société québécoise.

Disons-le, le résultat du scrutin de cette semaine n’a permis aux troupes libérales que de sauver les meubles en conservant des fiefs anglophones et allophones de l’île de Montréal.

Pourtant, lorsqu’un parti se voit une nouvelle fois relégué au poste d’opposition officielle, il n’y a pas de quoi se réjouir ; il ne s’agit aucunement d’une victoire morale, mais bel et bien d’une défaite. Cela témoigne de l’incapacité des électeurs à considérer le PLQ comme la solution de rechange à la Coalition avenir Québe (CAQ), à considérer que le PLQ a une plateforme attrayante et crédible.

La poussière va retomber, le Parti libéral du Québec effectuera une nouvelle traversée du désert, un passage obligé après tant d’années passées au pouvoir. En revanche, des changements doivent s’opérer afin de retrouver son identité. De nous reposer sur le fait que nous ayons déjà été le Natural Governing Party ne peut plus servir d’excuse pour expliquer notre inaction ou notre manque d’initiative.

Introspection

Dans ces conditions, un énorme travail d’introspection se dessine à l’horizon. Le parti doit travailler à ramener au bercail les nationalistes fédéralistes qui, tôt ou tard, seront désabusés de la Coalition avenir Québec. Il s’agit d’une question de temps.

Ensuite, les libéraux doivent interpeller les familles qui constituent désormais la classe moyenne : ces parents qui peinent à joindre les deux bouts, étouffés par l’inflation, et pour qui l’accès à la propriété est presque devenu impossible.

Ils doivent mettre en place une politique d’habitation pour les aînés qui doit respecter notre capacité de payer plutôt que de les contraindre dans des CHSLD et, finalement, au-delà de tous ces enjeux, procéder à une réforme de fond en comble de notre réseau de l’éducation. Malgré les prétentions du chef de la CAQ à l’égard de l’éducation, celle-ci s’avéra la grande négligée de la dernière campagne électorale. En pleine pénurie de main-d’œuvre, au-delà de faire appel à l’immigration, l’éducation sert de tremplin aux travailleurs de demain.

Tout compte fait, demeurer en phase avec la population doit être dans la ligne de mire du Parti libéral du Québec. S’il ne réussit pas à reconnecter avec elle, le parti risque d’en souffrir encore davantage, lui qui a pourtant tant offert aux Québécois et aux Québécoises par le passé.

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