En ce jour international de la journée des aînés, je me souviens de toi.

Je me souviens de ce pays en fromage de gruyère qu’est ta mémoire, Alice, ma petite maman.

Je me souviens de ta dépouille sur le radeau de ton lit de CHSLD, Gilles, mon petit papa.

En ce jour international de la journée des aînés, je me souviens que j’appartiens à une lignée lumineuse et terrienne et remplie de sang.

Et je marche et j’avance au nom de ceux que je connais et de ceux que je ne connais pas.

Je me souviens et je marche et j’avance. Mes pas habités des regards pleins de force et d’espoir de tous ces vieux dont j’ai croisé le chemin, ces vieux qui veulent continuer à vivre et qui agissent avec moi.

En ce jour international de la journée des aînés, je me souviens, main dans la main, avec ceux qui ont agi, ceux qui agissent et ceux qui agiront.

Je me souviens et je marche et j’avance au nom de ceux qui croient qu’il y a une valeur profonde à prendre soin de ceux qui ont fait notre monde. Ceux qui prennent et prendront soin de ces aînés qui ne sont pas les nôtres.

Je me souviens et je marche et j’avance pour faire remonter à la surface ce qui est enfoui dans le déni les yeux ouverts de ma nature humaine.

En ce jour international de la journée des aînés, je me rappelle que je suis nature, que je suis ciel et terre et pisse et sang et pleurs et rires.

Je me souviens et je marche et j’avance avec, dans mes paumes, la connaissance que nous ne pouvons plus être seul ; avec dans mes orbites, la vision claire de notre appartenance ; avec dans mon cœur l’élan donné par le fait de savoir que nous allons vieillir et mourir ; avec dans mes pieds, dans mes jambes, l’idée d’un chemin qui mène à l’action concertée vers la tendresse, le soin, l’attention, l’amour.

Je me souviens et je marche et j’avance parce que dans le vieillissement et la vieillesse, il y a aussi du beau.

Je me souviens pour rêver avec réalisme. Pour clamer la souveraineté sur le monde qui m’habite.

Je me souviens et je marche et j’avance parce que je ne peux plus être assis et attendre. Attendre quoi ? Que les autres fassent quelque chose ?

Je me souviens et je marche et j’avance, parce que je veux me souvenir de ma mère, de mon père et de tous ceux qui ont fait le monde où je peux encore habiter.

En ce jour international de la journée des aînés, je me souviens, je marche, j’avance, parce que les vieux, les vieillards ne sont pas les autres. Les vieux, c’est moi, c’est nous, avec chaque jour, chaque heure, chaque seconde qui passe.

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