Au moment d’écrire ces lignes, le site web Index Santé indique un taux d’occupation des urgences au Québec de 110 %. Ce taux est de 150 % pour la région des Laurentides.

Ces chiffres peuvent sembler abstraits. Mais la réalité qu’ils décrivent ne l’est certainement pas. Des urgences bondées entre 150 et 220 % signifient que vos proches ou vous-mêmes, si vous deviez tomber malades ou vous blesser lors d’un séjour dans les Laurentides, seriez installés dans un corridor avec une petite cloche qui fait « ding » pour appeler un préposé trop souvent déjà occupé.

Cela signifie également que dans la salle d’attente, votre enfant attendra plus de 12 heures pour que sa plaie au visage soit refermée avec des points de suture. Cela signifie aussi que votre parent vieillissant pourrait rester plus de 48 heures sur une civière d’urgences (dans le bruit même la nuit), avant d’être transféré dans une chambre partagée avec trois autres patients, d’un hôpital vieillissant et en manque d’infirmières.

Ces temps d’attente anormaux et dangereux ne sont en fait qu’un symptôme de l’état des soins de santé dans les Laurentides.

Face à une croissance démographique sur stéroïdes depuis plus de 20 ans (encore plus accélérée depuis la pandémie), la région des Laurentides dépassera bientôt celle de la Capitale-Nationale.

Malgré une population similaire, les ressources en santé disponibles dans notre région sont à des années-lumière de celles de la région de Québec. Chaque année, les ressources financières et humaines allouées par Québec sont de 30 % inférieures à la moyenne du Québec. Lorsque l’on se compare avec des régions favorisées comme le Saguenay–Lac-Saint-Jean, l’écart est encore plus important.

Plus de patients, moins de resssources

Chaque année qui passe, c’est plus de patients qui se présentent à la porte de nos urgences. Pourtant, nos ressources restent les mêmes. C’est alors mathématique : les listes d’attente en chirurgie s’allongent, tout comme les listes d’attente pour obtenir un médecin de famille ou un service psychosocial.

À deux reprises, à la suite de pressions exercées par la Coalition Santé Laurentides et la mobilisation des médecins du CISSS des Laurentides, l’Assemblée nationale a voté unanimement pour reconnaître cette situation inéquitable (en 2021 et en 2022).

Les politiciens reconnaissent le problème, mais les engagements concrets manquent à l’appel.

Alors que nous sommes en pleine campagne électorale, nous attendons toujours des engagements fermes en faveur de l’urgente modernisation de l’hôpital régional de Saint-Jérôme, de celui de Mont-Laurier, et des quatre autres centres hospitaliers de la région. Également, nous attendons toujours l’engagement d’un réel rattrapage financier (budgétaire) permettant de se rapprocher de la moyenne québécoise. À chaque année qui passe, le problème n’est pas seulement ignoré, il empire.

Dans une salle d’urgence, une salle d’opération ou une clinique, un médecin qui ignore volontairement ou involontairement un problème se retrouvera immanquablement avec un encore plus gros problème à régler. Quand l’artère a été sectionnée, on ne tourne pas le dos au patient. Non, on ligature au plus vite, sachant très bien ce qui arrivera si on ne le fait pas rapidement.

Il est grand temps que les décideurs réagissent comme un professionnel de la santé, et priorisent où ça saigne le plus.

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