À l’approche du mois de la sensibilisation au cancer du sein, il y a un sérieux doute quant à l’importance que le Québec accorde vraiment à la santé des femmes.

Quand on compare le Québec aux autres administrations, on constate que la Belle Province se situe au dernier rang quant aux pratiques optimales en matière de dépistage, avec une note de 0/5 :

  • Possibilité de prise de rendez-vous pour mammographie dès 40 ans, sans ordonnance médicale.
  • Dépistage annuel de 40 à 49 ans.
  • Toutes les femmes sont informées de leur densité mammaire.
  • Mammographie annuelle pour les femmes dans la catégorie D.
  • Possibilité de prise de rendez-vous pour mammographie après 74 ans, sans ordonnance médicale.

Le risque de cancer du sein augmente significativement à l’âge de 40 ans – 17 % des cancers sont chez des femmes 40 à 49 ans et 17,5 % des décès proviennent de cancers diagnostiqués dans la quarantaine. Quatre provinces (Colombie-Britannique, Île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse et Yukon) permettent aux femmes de prendre rendez-vous pour une mammographie à 40 ans sans ordonnance médicale, et l’Alberta et les Territoires du Nord-Ouest offrent cette option après la première mammographie dans la quarantaine. Au Québec, le programme de dépistage débute à 50 ans. Les lignes directrices concernant le dépistage du cancer du sein du Groupe d’étude canadien affirment que les femmes de 40 à 49 ans peuvent choisir de passer des mammographies, en fonction de leurs priorités.

Malgré cette directive, plusieurs femmes sont incapables d’obtenir une ordonnance médicale, causant trop souvent des diagnostics à des stades plus avancés.

Une étude récente⁠1 par les docteures Seely et Wilkinson, en conjonction avec Statistique Canada, démontre que les provinces qui n’offrent pas de dépistage dans la quarantaine comptent davantage de cancers diagnostiqués à des stades plus avancés dans la quarantaine et la cinquantaine. Pour les femmes noires, asiatiques et hispaniques, le pic d’incidence de cancer du sein est dans la quarantaine. Les femmes noires ont 40 % plus de risque de mourir d’un cancer du sein que les femmes blanches. Le Québec ignore les disparités raciales.

Densité mammaire

Au Québec, les femmes ne sont pas directement informées de leur densité mammaire et des implications. Les seins denses augmentent le risque de cancer du sein, et le risque qu’un cancer ne soit pas détecté par la mammographie. Le tissu dense apparaît en blanc sur la mammographie, tout comme le cancer, créant un effet de camouflage. Une femme qui ne sait pas qu’elle a les seins denses ne peut avoir une conversation éclairée avec son médecin concernant son risque et les bénéfices d’un dépistage supplémentaire.

Le Québec est la seule province où le programme de dépistage du cancer du sein cesse à 69 ans (74 dans les autres provinces).

Le risque de cancer du sein augmente avec l’âge ; les experts recommandent de continuer le dépistage tant que les femmes sont en bonne santé. Au Québec, les femmes de plus de 69 ans ne peuvent accéder à un dépistage sans une ordonnance médicale, et certaines font face à un refus de la part de leur professionnel de la santé.

Des vies sont mises en danger par des politiques qui ne favorisent pas la détection précoce. Même avec les avancées en ce qui concerne des traitements, le stade et la grosseur de la tumeur ont un impact sur la survie.

Si le Québec se soucie vraiment de la santé des femmes et de leur droit à l’information sur leur corps et leur risque de cancer, de sérieux changements s’imposent. C’est bien de sensibiliser, mais il faut agir.

1. Consultez les données de l’étude (en anglais) Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion