J’habite au Japon où j’ai signé un contrat d’un an dans une école internationale. Je me délecte chaque jour de ce qui fait la singularité japonaise : les remerciements provenant de la caisse électronique dans les supermarchés qui sonnent à mes oreilles comme une chanson, les boutiques et les cafés pour chiens qui m’arrachent chaque fois un sourire, les plats colorés des sushis et des tartares de poisson, la grande courtoisie du service à la clientèle, le calme dans les transports en commun, la propreté des espaces publics, la bienveillance désintéressée des passants qui m’aident dans la rue quand je suis perdue et même ce qui est écrit en japonais sur les cartons de lait. Bref, la langue japonaise, la culture japonaise, l’identité japonaise.

J’observe aussi, de loin, la campagne électorale québécoise. Je lis les commentaires sur les réseaux sociaux et je vois grandir cet engouement exponentiel pour le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon. Plusieurs s’accordent à dire que les idées de M. St-Pierre Plamondon sont solides et qu’il les communique avec aplomb, dignité et authenticité. Mais, il y a un mais… Il est chef d’un parti qu’on associe encore au repli identitaire et à une vieille garde revancharde et nostalgique d’un Québec révolu.

Nous sommes ailleurs, qu’ils disent. L’ère est à l’ouverture et à l’inclusion, paraît-il. Nous sommes citoyens du monde, ânonne-t-on. On trouve Paul St-Pierre Plamondon vraiment bien, mais il serait tellement mieux s’il laissait tomber son « obsession identitaire », c’est-à-dire la sauvegarde du français et de notre singularité culturelle en Amérique du Nord.

Pourquoi le Québec, à l’instar des autres nations, ne devrait-il pas également valoriser sa culture et son identité ? Le reniement de soi n’est pas un gage d’ouverture à l’autre.

En outre, l’affirmation de son identité, sans complexe ni ostentation, n’est pas non plus synonyme de repli sur soi.

S’effacer pour faire place à l’autre n’est ni rassembleur ni généreux. C’est terne et peu attrayant et même un peu pissou. La meilleure façon d’attirer et d’inclure celles et ceux qui veulent participer à notre destin national, c’est de célébrer ce que nous sommes et de mettre en valeur ce qui fait notre singularité. Pour être citoyen du monde, il faut d’abord être soi-même. Nous n’avons pas à rougir de ce que nous sommes ni à nous couvrir d’opprobre parce que nous voulons préserver notre héritage linguistique et culturel.

Lâchez-moi avec le repli identitaire !

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