« J’ai toujours pensé que l’ignorance est la principale cause des préjugés […] c’est très préoccupant, et c’est une des raisons pour lesquelles on est ici justement. » C’est ce que Richard Wagner, juge en chef de la Cour suprême du Canada, a dit en commentant le climat social et la remise en cause des institutions par une partie de la population il y a quelques jours, quand il était de passage au palais de justice de Québec.

Ces mots sages du juge Wagner ont sonné dans mes oreilles comme un constat triste et malheureux de ce que notre démocratie est devenue actuellement, et ce, avec la collusion de tous les partis politiques sans aucune exception.

Depuis l’arrivée de Trump et de sa démocratie à la tête des États-Unis, nous assistons à une transformation draconiennee et une dévolution de la pratique démocratique en Occident.

Évidemment, le Québec, avec l’élection majoritaire de la CAQ en 2018 par seulement 25 % de l’ensemble des électeurs, n’a pas échappé à cette dévolution.

Un discours qui divise et qui dresse les Québécois l’un contre l’autre au lieu qu’ils soient l’un pour l’autre. Juste dans les neuf premiers mois de leur mandat « majoritaire », nous avons assisté à trois bâillons. Pour faire quoi ? Jeter à la poubelle quelques centaines de dossiers d’immigrants, modifier la Charte québécoise des droits et libertés, discriminer une partie des Québécois (en majorité des femmes) à cause de leurs convictions religieuses et supprimer la démocratie scolaire.

Ça, c’était le premier scandale de la gouvernance caquiste. Et on a fait quoi ? Rien ! Pourquoi ? Parce que François Legault, tout comme son super ministre Simon Jolin-Barrette, aimait toujours marteler : « Nous avons un mandat fort ! »

Par la suite, on a assisté à plusieurs déclarations et gestes controversés du caucus et des ministres caquistes. La plus notoire et étonnante de ces déclarations fut celle des blâmes du commissaire à l’éthique à l’Assemblée nationale à l’encontre du ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon. Et c’était quoi la réaction du premier ministre à ces blâmes ? Bon, il faut changer la loi, car elle est trop sévère. Bizarrement, cette même loi n’était pas aussi sévère quand il était le déchireur de chemise en chef en tant que deuxième opposition.

Les ministres femmes n’ont pas échappé non plus aux conséquences du « mandat fort » de la CAQ. À la première faute, on les a écartées et remplacées par des hommes, supposément plus compétents. Entre-temps, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, continuait à accumuler les gaffes et les informations incomplètes, paisiblement sans aucune réprimande. C’est normal, c’est un homme et la CAQ adore les hommes, peut-être parce qu’ils sont plus dociles que les femmes, comme notre vice-première ministre, Geneviève Guilbault, aime qualifier les Québécois.

Malheureusement, le temps manque pour citer tous les actes et déclarations controversés de ce parti au « mandat fort ».

Mais que dire du PLQ ? Mon parti, oui et je le dis avec amertume et une grande tristesse. Ce grand parti de Jean Lesage qui a sorti le Québec de sa noirceur duplessiste pour le ramener à la noirceur caquiste. Ce grand parti de Robert Bourassa et des valeurs libérales de Claude Ryan a malheureusement perdu son nord.

Hélas, ce grand parti a décidé de se réduire à un simple copieur du nationalisme caquiste qui sème la division. Au lieu de parler du pouvoir d’achat, de la justice sociale, de la dignité des aînés et de la défense des droits et libertés, il a décidé de se mettre en compétition avec la CAQ sur qui est plus nationaliste que l’autre. C’est devenu un parti avec un leadership faible dont une partie des responsables partent de gauche à droite, utilisant une boussole à la Jack Sparrow pour essayer de compétitionner avec la CAQ. Et ce, au lieu de respecter les militants et de conquérir le cœur et l’âme des Québécois, tous les Québécois. Ajoutez à tout ça des pratiques de sélection de candidats (certains ouvertement islamophobes) contestables sur le plan éthique : intimidation, utilisation d’informations confidentielles à des fins douteuses et j’en passe.

Et le résultat ? Mon parti se bat pour son existence, pas juste au Québec mais aussi sur l’île de Montréal, dite son bastion fort.

Québec solidaire ? Je pense que c’est le seul parti resté fidèle à ses convictions en étant le parti alarmiste en chef de Québec. Oui, merci à Gabriel Nadeau-Dubois, qui n’a pas changé son discours, certes, mais ça ne le rend pas moins discutable. Il veut taxer tout le monde, même les morts à tel point qu’il a mérité le titre « Le Seigneur des impôts ». Il veut que l’État soit présent partout et que celui-ci contrôle tout. Bon, j’espère qu’il ne m’empêchera pas de continuer à écouter House of the Dragon, que j’ai attendu depuis tant d’années !

Le Parti québécois ? Oui, je parle du parti de René Lévesque, de Jacques Parizeau, de Lucien Bouchard et de Bernard Landry. Je parle du parti qui, malheureusement, a décidé du jour au lendemain de monter la pente glissante de la division des Québécois entre traîtres et héros.

Le Parti conservateur du Québec d’Éric Duhaime ? Franchement, les mots me manquent pour le décrire sans partir à « pleurire ». Alors, je vous laisse faire vos propres constats…

Bref, au cours des quatre dernières années, nous avons assisté à une montée populiste digne d’un autre siècle, voire d’une autre époque.

L’arrivée de la CAQ au spectre politique a créé un climat démocratique tellement malade que toute controverse, qui avait comme effet de faire tomber des gouvernements, passe dans le beurre comme n’importe quelle autre nouvelle banale. C’est rendu la norme.

Bienvenue, à l’ère de la démocratie populiste.

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