Cette question est sur toutes les lèvres depuis quelques jours, particulièrement depuis que le ministre Christian Dubé a annoncé son désir de mettre en place les « mini-hôpitaux » gérés par le privé.

Les différents partis politiques ont profité de cette campagne électorale pour se prononcer sur la présence du privé en santé, notamment lors du premier débat entre les chefs jeudi soir.

Préserver la gratuité des soins

D’entrée de jeu, sachez que les entrepreneurs en santé croient au bien-fondé du système universel et ne remettent nullement en question les fondements mêmes de notre système de santé, soit la gratuité. Comme l’ensemble des Québécois, nous ne sommes pas de fervents défenseurs du système de santé à deux vitesses. En fait, c’est plutôt le désir d’investir dans l’amélioration des soins de santé qui en motive plusieurs.

Un sondage réalisé par la firme Léger en mars dernier nous confirme que 77 % de la population québécoise estime n’avoir aucune objection à se faire soigner au privé ou au public si les coûts sont assumés par le gouvernement. Les établissements privés conventionnés en sont un exemple depuis 65 ans.

Les ancêtres des ressources intermédiaires, les premiers foyers de groupes pour les clientèles vulnérables existaient déjà dans les années 1970, en même temps que les entreprises ambulancières transportaient les premiers patients.

La notion de privé en santé n’a donc rien de nouveau et n’est pas une mode passagère.

Accélérer l’accès aux soins grâce au privé et soulager le réseau

Actuellement, le secteur privé permet d’augmenter le nombre de salles de chirurgie pour les 157 000 personnes en attente d’une chirurgie dans l’ensemble du Québec. Il permet aussi de mieux faire face au tsunami annoncé et pour lequel nous n’étions pas suffisamment préparés, soit le vieillissement de la population.

Les entreprises de soins à domicile, les ressources intermédiaires, les CHSLD privés (conventionnés ou non) et les résidences privées pour aînés (RPA) offrent de l’hébergement et des soins aux aînés au Québec, ce qui a pour effet d’alléger le fardeau de l’État. Aussi, saviez-vous que les groupes de médecine familiale (GMF) ou les cliniques de radiologie sont gérés par le privé ? Pourtant, on peut se rendre dans ces installations, sans débourser un sou de notre poche. C’est ça une réelle alliance entre le public et le privé. Les exemples sont nombreux, éloquents et peuvent se multiplier encore au bénéfice de la population québécoise.

Collaborer pour offrir des soins de qualité

Une chose est claire, le gouvernement doit garder le contrôle de la qualité des soins et des services offerts. Pour les entreprises privées en santé, il n’y a pas de gêne à se voir évaluer sur les mêmes bases que le public, bien au contraire. De plus, en partageant nos données et en planifiant les besoins dans une collaboration entre le public et le privé, nous serons plus à même de répondre, ensemble, aux besoins de la population.

Les entreprises en santé et les établissements publics sont confrontés aux mêmes enjeux reliés à la pénurie de la main-d’œuvre, en s’alliant, des stratégies concertées pourraient contrer l’exode du personnel vers d’autres secteurs d’emplois.

Pourquoi pas ici ?

Un système privé qui complète l’offre de services publics pour améliorer le système de santé, sans que le patient ait à débourser un sou de plus, ça existe en France, en Suède et au Danemark. Pourquoi pas ici ?

Cette collaboration existe déjà depuis plusieurs décennies, pourquoi vouloir s’en passer puisque les résultats sont au rendez-vous ? Poser la question, c’est y répondre.

* Cosignataires : Paul Arbec, président de l’Association des établissements de longue durée privés du Québec (AELDPQ) ; Marc Fortin, président-directeur général, Regroupement québécois des ressources pour aînés (RQRA) ; Jean Nadon, président de l’Association des établissements privés conventionnés du Québec (AEPC) ; Dr Sébastien Toussaint, président de la Corporation des services ambulanciers du Québec (CSAQ)

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