Les décideurs au Québec estiment que les meilleurs médecins pour soigner les grands malades à domicile ne sont pas ceux des CLSC, mais ceux des hôpitaux !
Après le blocage systématique depuis quatre ans des équipes de soins intensifs à domicile (SIAD) en CLSC, celles qui avaient le mandat de soigner à domicile TOUS les grands malades PARTOUT au Québec, on vient d’annoncer la création d’unités « d’hospitalisation à domicile » rattachées à certains hôpitaux.
Pourtant, les médecins SIAD traitent les urgences à domicile de façon efficiente et économique, grâce à leur travail avec les infirmières en place dans les CLSC : de garde 24 heures, ils préviennent 65 % des hospitalisations en assurant le suivi médical et le traitement des urgences des grands malades de leur territoire.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
On amènera plutôt des médecins des « hôpitaux à domicile » vers certains « chanceux » résidant proche de ces hôpitaux. Ils seront soignés quelques jours, jusqu’à la fin de leur détérioration aiguë, comme en hôpital.
Tant pis pour tous les autres grands malades à domicile — la majorité, ceux qui attendent les SIAD depuis quatre ans. Tant pis pour les patients qui ne seront pas « guéris » après une crise médicale aiguë — la majorité, puisque les soins médicaux intensifs à domicile visent les malades dans leur dernière année de vie, ceux souffrant de conditions sévères incurables.
Ils iront donc aux urgences, comme d’habitude.
Ils mourront dans nos hôpitaux, comme d’habitude.
Pendant qu’ailleurs, au Canada et en Europe, les médecins travaillent aux côtés d’équipes communautaires similaires à celles de nos CLSC, qu’ils soignent à domicile tous ceux qui en ont besoin, nos grands malades et leurs proches continueront de s’inquiéter de leur code postal : celui qui leur donnera droit, ou non, à des soins médicaux 24 heures à domicile dans la dernière année de vie.
Cette année, notre réseau de la santé frappe durement le mur du vieillissement. Mais certains décideurs, au Ministère entre autres, souffrent d’une maladie grave et coûteuse : l’hospitalo-centrisme. Cette maladie est en train de tuer notre système de santé.
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