Maintenant que j’ai attiré votre attention avec ce titre accrocheur, laissez-moi titiller votre intérêt avec quelques-uns de mes constats.

Je me suis adonné, dans les derniers jours, à un sondage pas tout à fait scientifique auprès de mon réseau. Plusieurs personnes ont participé en ne sachant pas que derrière ma demande anodine se trouvait une volonté de comprendre un peu ce qui les animait en cette campagne électorale provinciale. Je les remercie donc de leur contribution… involontaire !

La campagne est démarrée et je vous avoue que pour le citoyen engagé que je suis, il s’agit d’une véritable traversée du désert, sous de magnifiques 41 degrés humides bien montréalais. Voyez-vous, je suis un peu, pour ne pas dire beaucoup, agacé par certains discours en ce début de campagne électorale.

Les débats d’idées font trop souvent place aux interminables litanies concernant les défauts des adversaires.

Les attaques personnelles sont légion : elles sont si fréquentes qu’elles quittent le cycle de nouvelles aussi rapidement qu’elles y sont entrées en deux heures, selon Google. Donc, plutôt que d’inspirer profondément, on expire tout ce qu’on a de plus méchant, à propos de tout et de rien. Il me semble que le temps est venu de changer la façon d’aborder la politique et, surtout, d’élever le discours.

Définir nos aspirations

Voici donc ma modeste contribution, et celle de mes collaborateurs inavoués, afin d’aider à rendre les périodes électorales passionnantes. Dans un premier temps, nous devrions définir des aspirations, des engagements et des objectifs collectifs clairs, mais surtout, concrets et réalisables. La liste des sujets à aborder devrait notamment comprendre le développement social, la réduction des inégalités, la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, les enjeux liés au logement et à l’insécurité alimentaire, l’environnement, l’éducation et la santé, la transition écologique et un développement économique responsable. Ouf ! Gros programme. Justement, pourquoi ne pas faire place à des initiatives prometteuses, et ce, peu importe le parti au pouvoir ?

Je sais, je suis d’une grande naïveté, mais je suis aussi pragmatique.

Imaginez un parti au pouvoir qui convient que les gens qui débattent devant lui dans le Salon bleu ont une excellente idée à mettre en place et qu’avec leur accord, la décision est prise de l’adopter dans l’intérêt supérieur de la population. Du pur bonheur ! Et nous serions tous gagnants !

Il serait intéressant de donner une place, dans les débats, à des réflexions concernant l’empathie, la bienveillance et la santé mentale. L’actualité des derniers jours, teintée de menaces et d’actes de vandalisme, nous a démontré à quel point nous en avons besoin.

Il serait pertinent également, dans ce contexte, d’explorer comment les services de proximité pourraient être mieux soutenus. Que ce soient les services des municipalités ou ceux des organismes communautaires, il faudrait se donner les moyens de nos ambitions communes afin de bâtir une société réellement inclusive et égalitaire. Après tout, celle-ci repose sur des interactions humaines et il est important d’investir pour prendre soin de nous et de notre communauté.

Réinventer nos élections

Si vous avez poursuivi votre lecture jusqu’ici, si vous avez opiné de la tête à quelques reprises, c’est que votre définition du gros bon sens ressemble à la mienne et que vous avez l’impression que ce gros bon sens se perd dans les innombrables promesses lancées et aussitôt attaquées de toutes parts.

Les élections ne sont peut-être pas, après tout, le moment idéal pour avoir un véritable débat sur les enjeux de société auxquels nous souhaitons accorder plus d’importance. Et c’est dommage. Dommage, parce que cette perspective ne nous amène pas à revoir nos façons de faire, à innover, à changer un peu la recette… On dit souvent qu’au Québec, les gens ne votent pas « pour », mais votent plutôt « contre ». Dans l’état actuel des choses, il semble que tout mène à cette fatalité.

Au lieu de s’unir derrière une vision inspirante, on vote en réaction à un programme.

Je ne peux vous quitter sans parler des attaques personnelles que subissent plusieurs candidats et politiciens. Ces attaques alimentent le mépris et nourrissent le cynisme et le scepticisme chez les électeurs. Ceux-ci deviennent de plus en plus méfiants envers la politique et ses élus, ce qui mène à un effritement de la démocratie. C’est inquiétant. Il faut ouvrir un espace de dialogue franc et transparent, certes, mais respectueux. Cela devrait être la toute première réflexion en période de campagne électorale.

Les grandes idées de société doivent demeurer présentes en tout temps, y compris entre les élections. De cette façon, nous arriverons à mettre en place de véritables changements au bénéfice des citoyennes et des citoyens qui pourront y contribuer autrement qu’avec un vote tous les quatre ans.

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