Depuis des décennies, pour répondre aux problèmes liés à l’habitation, on réclame plus de financement des gouvernements de Québec et d’Ottawa pour la construction de logements sociaux ou encore la mise en place de nouveaux règlements pour protéger les droits des locataires.

Évidemment, ces deux demandes font partie intégrante de la solution pour assurer l’abordabilité de l’habitation au Québec, mais ce n’est plus suffisant. C’est un coup de volant majeur qu’il faut donner, pour agir sur l’offre disponible, et ce, dans presque toutes les catégories de marché, dont on a tendance à sous-estimer l’effet domino. Rappelons que la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) chiffre à 620 000 le nombre minimal de logements supplémentaires requis d’ici 2030, pour assurer un certain seuil d’abordabilité sur le territoire québécois.

Il y a 10 ans, le prix médian d’une maison au Québec était de 229 000 $, selon les données compilées par la Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ). Aujourd’hui, cela a presque doublé, pour atteindre 450 000 $ — voire davantage dans certaines régions comme la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), dont nos deux villes font partie.

Beaucoup de propriétaires se rendent maintenant compte qu’ils ne seraient pas capables d’acheter leur propre logement si ce dernier était mis sur le marché actuellement. De nombreux parents s’inquiètent et se demandent si leurs enfants pourront un jour devenir propriétaires.

L’état des lieux est encore moins rose sur le marché locatif. Selon les données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), en 2021, le taux d’inoccupation de l’agglomération de Longueuil était d’à peine 1,2 %, et la situation n’était guère mieux à Laval, avec un maigre 2,2 %. Par ailleurs, toujours chez nous, le coût moyen du loyer des logements de deux chambres disponibles à la location était respectivement de 1351 $ et de 1328 $, comparativement à 975 $ et à 944 $ pour les logements déjà occupés : une différence de près de 40 % ! La situation est similaire partout au Québec. Aucune région n’est épargnée.

Comme si ce n’était pas assez, avec le phénomène des rénovictions, nous perdons partout des appartements abordables beaucoup plus rapidement que nous en construisons. Des personnes âgées et à faible revenu sont ainsi chassées de leur milieu de vie, avec de moins en moins d’options de rechange. Cela est sans compter le manque d’espace disponible pour les familles nombreuses alors que le marché de la construction résidentielle privilégie depuis plusieurs années les petits logements, jugés plus rentables.

Affirmons-le franchement : la situation est devenue insoutenable, et ce, sur tous les plans. L’habitation est pourtant un besoin de base, et le milieu dans lequel on vit influence directement notre santé et notre bien-être. N’attendons pas que le Québec devienne l’Ontario ou la Colombie-Britannique.

Si les méthodes d’hier ne sont plus suffisantes, on aura besoin du plus grand nombre pour trouver les meilleures idées — et vite ! Tout le monde doit pousser à la roue : les villes, le gouvernement du Québec, le gouvernement fédéral, les milieux institutionnel et universitaire, les acteurs du privé et ceux de la société civile. C’est exactement pour cela que nous avons décidé d’unir nos forces dans l’objectif d’organiser le Sommet de l’habitation 2022, le tout premier évènement panquébécois de cette nature, qui se tiendra le 26 août prochain. Notre génération et celles à venir sont particulièrement touchées par la crise de l’abordabilité en habitation. Il est enfin temps de placer notre avenir en tête.

Néanmoins, penser en dehors du cadre est souvent plus facile à dire qu’à faire. Voici à quoi pourraient ressembler certaines de ces innovations, des idées qui seront analysées dans le cadre du Sommet :

  • la construction ou l’ajout de logements dans les secteurs de maisons unifamiliales (la densification douce) ;
  • la soustraction des bâtiments et des terrains à la spéculation en leur donnant une vocation d’intérêt général perpétuelle (la fiducie d’utilité sociale) ;
  • le développement de projets immobiliers collectifs accessibles à un prix moindre que la valeur du marché (la capitalisation partagée) ;
  • l’acquisition à but non lucratif d’immeubles nécessitant des rénovations dans une optique d’amélioration (la préservation du parc locatif abordable) ;
  • la constitution d’un inventaire public de logements pour stimuler l’offre et préserver l’abordabilité à long terme (les sociétés publiques de développement immobilier).

Si nous sommes persuadés que le Sommet de l’habitation 2022, organisé conjointement par nos deux villes, donnera l’impulsion nécessaire au passage à l’action de manière concertée et innovante, il ne constitue certainement pas une fin en soi. Nous vous invitons à poursuivre la réflexion sur les solutions dans les mois à venir, afin de contribuer à ce que chaque Québécoise et chaque Québécois puissent bénéficier d’un chez-soi abordable.

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