L’histoire nous enseigne que les récessions surviennent presque toujours à cause des excès qui se manifestent dans l’économie. Cette fois-ci, ce sont les quantités énormes d’argent que les banques centrales et les gouvernements ont injecté dans l’économie qui se traduisent maintenant par des taux d’inflation élevés. L’exemple parfait d’un excès qui force des augmentations de taux d’intérêt.

Plusieurs s’interrogent si notre économie se dirige vers une récession. Ce « mot en r » nous inquiète puisqu’il rappelle des périodes économiques douloureuses. Est-ce que les excès observés nous entraîneront cette fois encore dans une récession ? Est-ce que nous assisterons à un simple ralentissement à la manière d’un atterrissage en douceur, à une récession qui sera faible et de courte durée, ou à une récession profonde et pénible ?

Pour se représenter la situation, imaginons l’exemple d’un vol en montgolfière.

Gonflée d’air chaud à l’excès, une montgolfière pourrait s’envoler à des hauteurs stratosphériques. Son vol ne dépasse habituellement pas 2000 mètres. Au-delà de 3000 mètres, l’oxygène se fait plus rare. Pour maintenir la montgolfière à une altitude confortable pour ses passagers, le pilote réduit la poussée d’air chaud dans le ballon.

En économie, comme pour les vols de montgolfières, il arrive que nous fassions face à des excès. C’est en les corrigeant rapidement qu’on évite de faire des ajustements importants.

L’inflation dans l’économie, c’est comme l’air chaud dans une montgolfière. Elle doit être contrôlée pour éviter une hauteur excessive et le manque d’oxygène. Une descente rapide en ballon reviendrait à subir une récession après des excès d’inflation.

Depuis la crise financière de 2007-2008, nous avons connu le plus long cycle économique de l’histoire, soutenu par des programmes de stimulation des gouvernements et des banques centrales. Cette période a été caractérisée par des taux d’intérêt et d’inflation qui sont restés faibles. Toutes ces mesures ont favorisé la création d’emplois et un faible taux de chômage, accompagnés d’une croissance économique modérée. Depuis la crise financière, l’économie a connu une croissance soutenue du milieu de 2009 jusqu’au début de la pandémie de COVID-19, en mars 2020. On aurait pu s’attendre à des excès qui entraînent de l’inflation, mais ce ne fut pas le cas, comme dans l’exemple des pilotes de montgolfières, qui maintiennent une altitude de 1000 mètres en moyenne.

La pandémie de COVID-19 a forcé une récession créée de toute pièce par les gouvernements. Ils ont mis l’économie sur pause, le temps de mieux contrôler la propagation de la maladie. L’interruption fut de courte durée, les gouvernements et les banques centrales poussant encore plus loin les programmes de stimulation de l’économie. La reprise économique s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui, prolongeant davantage la période de prospérité amorcée en 2009. Mais cette fois, le monstre de l’inflation s’est pointé le bout du nez au cours de l’année 2021, à la suite des excès de stimulants dans l’économie. Les banques centrales commettant de surcroît l’erreur de n’y voir qu’un effet passager.

Nous en sommes là aujourd’hui, nous approchant des 3000 mètres où l’oxygène se raréfie et où l’économie peine à respirer.

Les entreprises et les gouvernements représentent 30 % de l’activité économique, alors que les consommateurs constituent la colonne vertébrale, avec 70 %. Les pénuries d’emploi et le faible taux de chômage sont de nature à soutenir les dépenses des consommateurs. Un marché du travail robuste et la bonne situation financière des entreprises représentent des signes encourageants. Cependant, l’endettement élevé des ménages canadiens depuis quelques années pourrait s’avérer un défi en raison des taux d’intérêt plus élevés.

Les banques centrales accélèrent maintenant les hausses de taux d’intérêt pour réduire les excès de la masse monétaire et contrôler l’inflation. L’économie est gonflée d’air chaud qu’il faut maintenant refroidir, pour revenir à une altitude plus confortable.

La publication des statistiques mensuelles est comme un altimètre, qui nous donne une lecture de notre altitude. Bien que préoccupantes, rappelons-nous seulement que les augmentations rapides de taux d’intérêt visent à nous éviter l’épreuve d’une descente rapide. Les scénarios qui apparaissent les plus probables étant ceux d’un atterrissage en douceur ou d’une faible récession de courte durée.

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