En réponse au texte de Tamara Thermitus, « Un autre regard sur l’émancipation », publié le 6 août

Même si je partage le souhait de l’auteure que des mesures concrètes soient prises pour lutter contre le racisme systémique, je trouve frustrante l’absence de rigueur dans ses affirmations sur l’histoire de l’esclavage et du racisme. C’est une grossière sursimplification d’affirmer que « les horreurs de l’esclavage » découlent des théories de racisme encouragées par la doctrine de nulla terris.

L’esclavage existe au moins depuis que les êtres humains ont développé l’agriculture et des sociétés hiérarchisées, et s’est répandu aux quatre coins de la planète, dans la vaste majorité des pays et nations. Il a touché des gens de l’ensemble des ethnies sur tous les continents.

Perses, Romains, Égyptiens, Indiens, Chinois, Autochtones, Vikings, you name it — ils avaient tous des esclaves et ce n’est que très récemment dans l’histoire humaine que le mouvement pour l’abolition de l’esclavage s’est développé.

La Chine s’est servie pendant des siècles d’esclaves vietnamiens ; l’Empire ottoman importait non seulement des esclaves noires, mais aussi beaucoup d’esclaves blancs, notamment du Caucase. Des Vikings rapportaient des esclaves britanniques et européens chez eux lors de leurs célèbres raids. Les « panis » de la Nouvelle-France étaient des prisonniers de guerres d’autres autochtones, qui les ont vendus aux coureurs des bois. Personne n’est innocent dans cette exploitation des humains par d’autres humains.

Une pratique répandue

Notez aussi que les premiers esclavagistes en Afrique étaient les diverses tribus africaines elles-mêmes, qui exploitaient leurs prisonniers de guerre entre elles et ont fini par exporter leurs propres peuples d’abord aux Arabes (aussi loin que le IXe siècle) et ensuite aux Européens à l’époque de leurs « découvertes ». Les Africains chez eux ont continué de s’adonner à l’esclavage loin dans le XXe siècle et certains d’entre eux le font encore de nos jours (pensez à la guerre du Soudan et au Boko Haram).

L’histoire de l’esclavage est très longue et complexe et varie dans le temps et selon les lieux et ne peut se réduire à l’impact du commerce transatlantique qui sévissait du XVIe au XIXe siècles, même si ses effets sont extrêmement importants dans le développement d’un racisme systémique en Amérique.

On peut demander que nos gouvernements agissent, entre autres pour extirper toute trace de discrimination raciale de nos lois et règlements, sans essayer de mettre tout le blâme sur les Européens.

Par ailleurs, notez que la Nouvelle-France n’existait plus en 1834, lorsque l’esclavage a été aboli dans le Haut et le Bas-Canada. La Nouvelle-France a cessé d’exister avec le Traité de Paris et la Proclamation royale en 1763. MThermitus aurait pu mieux réviser son texte pour remédier à une erreur aussi flagrante.

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