L’invasion russe de l’Ukraine a fait l’objet d’une condamnation internationale quasi universelle ; de nombreux pays ont imposé des sanctions à la Russie et ont fourni une aide humanitaire et militaire à l’Ukraine.

L’invasion a créé, en effet, la plus grande crise de réfugiés en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. D’après les informations publiées par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), près de 6 millions d’Ukrainiens, ayant fui leur pays depuis le début de l’invasion russe, sont officiellement répertoriés dans toute l’Europe.

Des équipes de la Croix-Rouge se sont rendues en Ukraine ainsi que dans les pays voisins pour offrir une aide humanitaire essentielle aux personnes touchées (notamment aux frontières de la Hongrie, de la Moldavie, de la Pologne, de la Roumanie et de la Slovaquie).

Depuis le début de l’agression russe, l’Union européenne (UE) s’est également montrée unie et forte et fournit un soutien humanitaire, politique, financier et militaire à l’Ukraine ; la grande majorité des membres de l’UE étant bien d’accord pour imposer des sanctions à la Russie, la Hongrie mise à part.

Elle se coordonne enfin avec ses partenaires et alliés au sein des Nations unies, de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord et du Groupe des Sept (G7).

En plus, à plusieurs reprises, le Conseil européen a condamné les attaques aveugles perpétrées par la Russie contre des civils et des infrastructures civiles et a réaffirmé que le droit international humanitaire devait être respecté.

Unité politique fissurée

Toutefois, après cinq mois de guerre en Ukraine, un constat s’impose : les livraisons d’armes promises à l’Ukraine semblent malheureusement fissurer l’unité politique chèrement acquise des démocraties libérales. La cohésion et la solidarité de la communauté euroatlantique apparaissent clairement mises à l’épreuve de l’enlisement de la guerre en Ukraine.

Tous les États ne se comportent pas, en effet, avec la diligence et la résolution espérées dans ce domaine sensible, à l’inverse de ce qui s’est passé lors de l’adoption des premières sanctions économiques contre la nomenklatura de l’État poutinien.

La guerre d’usure russo-ukrainienne aura-t-elle donc, finalement, raison de l’unité de la communauté euroatlantique, permettant ainsi à la Russie d’annexer les territoires conquis en Ukraine ?

En tête de peloton se trouvent les États-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne (la contribution de ces trois États est exceptionnelle), suivis par les États baltes et ceux d’Europe centrale, notamment la Pologne.

La France et l’Allemagne se situent entre ces deux groupe d’États qui fournissent une quantité d’armes très modeste par rapport à leur stock disponible.

Est-ce la peur de l’escalade du conflit en Ukraine ou un usage éventuel des armes nucléaires tactiques de la part de la Russie qui impose la retenue stratégique à ces deux États ? La question demeure entière.

C’est dans ce contexte qu’il faut aussi comprendre les commentaires du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, parus dans les pages du Figaro du 18 juillet : « C’est un test de résistance pour nos sociétés », a-t-il déclaré à l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne à Bruxelles.

Je suis sûr que [le président russe Vladimir] Poutine compte sur la fatigue des démocraties. Je suis sûr qu’il croit que les démocraties sont faibles. Les sociétés européennes ne peuvent pas se permettre d’être fatiguées.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell

Cela dit, l’impact des sanctions économiques russes et leurs conséquences sur les économies de la communauté euroatlantique se font déjà pleinement ressentir : l’UE a demandé à ces membres de réduire de 15 % la consommation de gaz entre le 1er août 2022 et le 31 mars 2023. Après une drastique baisse des flux de gaz (seulement 20 % du niveau ordinaire), annoncée par la Russie à partir du 27 juillet, il appert que les membres de l’UE se préparent à la gestion d’une crise énergétique difficile. Cela aura immanquablement un impact significatif sur les exportations de gaz vers des pays comme l’Allemagne, la France, l’Autriche et la République tchèque.

À plus long terme, la raréfaction du gaz et du pétrole russe, instrumentalisés par le Kremlin l'hiver dernier en Europe, pourrait donc ébranler davantage la cohésion et la solidarité de la communauté euroatlantique. À un degré supérieur, cette situation pourrait ultimement réduire les livraisons d’armes à l’Ukraine, contribuant à augmenter une pression néfaste sur les autorités politiques ukrainiennes, limitant leur marge de manœuvre, les forçant à signer un traité de paix désavantageux avec la Russie.

Les opinions exprimées ici sont celles des auteurs uniquement et ne reflètent pas les politiques ou les positions officielles de Sécurité publique Canada ou du gouvernement canadien.

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