Le mois de novembre dernier a marqué le 30e anniversaire de l’une des conférences de presse les plus médiatisées et certainement l’une des plus déterminantes de l’histoire de la culture populaire. Magic Johnson, une icône du basketball et des Lakers de Los Angeles, annonçait qu’il était séropositif.

La nouvelle avait provoqué une onde de choc. Magic était dans la fleur de l’âge, mais ne semblait plus invincible. Le virus était entré dans la ligue nationale de basketball et il avait un nouveau visage. Aux côtés de David Stern, alors commissaire de la NBA, Magic Johnson est alors devenu un défenseur de l’éducation, de la prévention et de la recherche sur le VIH/sida.

Aussi en 1991, le ruban rouge en forme de V inversé faisait ses débuts aux Tony Awards. Dès lors, ce symbole de sensibilisation au VIH/sida et de soutien aux personnes touchées par la maladie est devenu omniprésent sur les robes et les revers des vestes de célébrités foulant les tapis rouges sous le soleil de Hollywood.

Au cours des 30 dernières années, de grands progrès ont été réalisés dans la lutte contre le VIH/sida. Le nombre d’infections a connu une diminution et les personnes infectées peuvent vivre plus longtemps grâce aux médicaments.

La lutte contre le VIH est certainement l’une des grandes réussites de ce siècle. Elle est également un exemple du pouvoir de la collaboration, alors que des médecins, des scientifiques, des travailleurs de la santé, des donateurs, des militants et des gouvernements se sont unis pour lutter contre cette maladie évitable.

Malgré les pas de géant qui ont été franchis, le VIH/sida est toujours présent.

Et c’est une maladie suffisamment grave pour que des leaders du monde entier se réunissent la semaine prochaine à Montréal, alors que la ville accueillera la 24e édition de la Conférence internationale sur le sida, du 29 juillet au 2 août. Sur son site web, on peut lire que le moment est venu de se réengager et de suivre la science. C’est le cas de le dire !

Consultez le site de la Conférence

Certes, les progrès réalisés ont été considérables, mais ils demeurent fragiles. Plus d’un tiers des 38 millions de personnes atteintes du VIH aujourd’hui n’ont pas accès aux antirétroviraux, bien que le coût d’une année de traitement antirétroviral (TAR) pour une personne soit passé de 10 000 $ à moins de 66 $ – un niveau record.

Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a été un acteur de changement clé pour la santé de plusieurs générations. Sa mission est de vaincre trois des maladies les plus évitables au monde, dont le VIH. Les gouvernements, le secteur privé et les ONG s’engagent à investir pour soutenir les cycles triennaux du Fonds. Cet engagement a été efficace.

Les programmes de santé soutenus par le partenariat du Fonds mondial ont permis de sauver 44 millions de vies et les décès liés au sida ont diminué de près de 55 %. Et parce que les chiffres sont importants, en voici d’autres.

Une somme de 18 milliards de dollars est nécessaire pour la reconstitution des ressources de cette année afin de s’assurer que le Fonds mondial reste sur la bonne voie et que les progrès se poursuivent.

Les États-Unis se sont engagés à verser 6 milliards, mais les autres donateurs devront eux aussi majorer leurs contributions (1 dollar pour chaque tranche de 2 dollars) s’ils souhaitent maximiser le financement de contrepartie des États-Unis. Si le Canada ne parvient pas à verser une contribution de 1,2 milliard de dollars (sa juste part), de l’argent sera laissé sur la table. C’est un gaspillage qui coûterait des vies humaines.

Il ne suffit pas que notre pays souhaite toujours projeter une image de bienveillance. Il doit la soutenir par des gestes concrets, souvent mesurés par notre juste part de l’investissement mondial.

La science nous a donné les outils pour vaincre enfin le VIH et des années de progrès nous ont permis d’acquérir des connaissances et des compétences pour affecter les ressources là où le besoin se fait le plus sentir.

Ne devons-nous pas à tous ceux et celles qui nous ont permis d’arriver jusqu’ici de poursuivre le combat et de le financer correctement ?

La plupart des personnes atteintes du VIH se trouvent sur le continent africain – nous ne devons pas moins nous en préoccuper. Au contraire. Il est essentiel de continuer à soutenir les efforts en matière d’éradication et de traitement du VIH et du sida, même si le ruban rouge n’est plus l’accessoire en vogue comme jadis, car la maladie, hélas, est toujours bien présente.

Mais le Canada peut agir pour que le ruban rouge retrouve son statut d’antan. Dépassons l’image de bienveillance en matière de lutte contre le VIH et le sida et faisons des gestes concrets pour être un véritable chef de file dans le domaine.

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