Depuis des mois (que dis-je, des années), on ne cesse de nous dire que les urgences sont saturées et que les gens devraient consulter un médecin en clinique ou appeler le 811 avant de se présenter aux urgences. Au lieu de le demander aux gens, pourquoi ne pas l’imposer ? On a tous les éléments organisationnels et technologiques pour tenter de réduire cet achalandage.

Présentement, il y a deux grandes façons d’être admis à l’urgence : soit par ambulance ou directement en se présentant sur les lieux. Ceux qui arrivent par ambulance sont en principe évalués par les premiers répondants. Pour les autres, leur état est priorisé par des infirmières avant qu’ils soient admis.

Par la suite, le patient peut attendre des heures avant de voir un médecin. Le manque de personnel dans le tri est, à mon avis, une des causes des congestions dans les salles d’urgence.

Maintenant, imaginez un système où l’accès aux urgences serait possible seulement si le patient a été recommandé ou évalué préalablement par un professionnel de la santé avant d’arriver à l’urgence. Cette évaluation pourrait être faite soit par les infirmières du service 811, soit par une infirmière en pharmacie, en RPA ou en CLSC. Les personnes arrivant en ambulance seraient toujours admises, évidemment.

Une fois la personne évaluée, les infirmiers pourraient ainsi déterminer si elle doit se présenter à l’urgence ou prendre un rendez-vous dans une clinique. Si son cas nécessite qu’elle se présente à l’urgence, elle recevrait un code d’accès lui permettant de réserver sa place en ligne à l’urgence.

Ce type de tri décentralisé est utilisé entre autres dans les postes de sécurité dans les grands aéroports. Afin d’éviter de créer des congestions lors de l’inspection des bagages à main, les images à rayons X des bagages sont transmises à une centrale située à l’extérieur de la zone d’inspection où des dizaines d’opérateurs tentent de détecter des menaces dans les bagages. Le cas échéant, une alerte est transmise aux préposés à la sécurité afin d’intercepter le propriétaire du bagage. Ce genre de « tri décentralisé » a permis de réduire sensiblement les files d’attente dans les aéroports.

Outre ce principe de tri décentralisé, le concept de prise de rendez-vous préalable pourrait réduire les temps d’attente dans les urgences. Avec une application similaire à celle qui est utilisée dans les cliniques sans rendez-vous ou celle utilisée pour prendre rendez-vous pour le vaccin durant la pandémie, la personne serait en mesure de savoir à quelle heure elle devra se présenter à l’urgence et éviterait ainsi qu’on engorge les urgences pour rien.

Je trouve géniale l’approche des cliniques sans rendez-vous « avec rendez-vous ». En appelant la veille, on peut être en mesure d’avoir une heure où l’on devrait se présenter à la clinique. Cela nous évite d’attendre de longues heures en salle, ne sachant pas trop quand on verra un médecin.

Juste avant notre rendez-vous, on reçoit une notification nous rappelant de nous présenter dans l’heure suivante. S’il y a la possibilité de passer plus tôt, on recevrait un texto pour nous dire de nous présenter. En principe, ce type de gestion est déjà implanté et a été utilisé avec succès durant la pandémie. Personnellement, j’ai rarement attendu plus d’une heure en salle avec ce système.

La plupart des intervenants en santé nous disent que la solution du désengorgement des urgences passe par une meilleure organisation. Il y a pourtant des solutions comme le tri décentralisé ou encore la prise de rendez-vous d’urgence. Pourquoi personne ne se penche sur ce problème ?

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