Nous avions attendu ce voyage depuis le début de la pandémie. Notre excitation grandissait à l’approche du départ et on se disait qu’enfin on profiterait de vraies vacances tant méritées après plus de deux ans de pandémie, d’anxiété et de stress dans la nouvelle réalité du travail et de la société.

Quelle déception au retour de ce voyage tant anticipé. Ce voyage m’a apporté au retour plus de tristesse que de joie.

Je tais le nom de la chaîne hôtelière qui nous a accueillis en République dominicaine car la même situation se produit dans n’importe laquelle. Ce que nous avons amèrement revu est un modèle de vacances à redéfinir sérieusement.

Nous avons constaté, une fois de plus, l’indécence du gaspillage de nourriture, la gloutonnerie et l’insouciance de la plupart des vacanciers envers ce gaspillage. Avec le manque de ressources planétaires en ce moment, le prix des aliments, les rationnements et les famines dans beaucoup de pays, remplir des assiettes dont la moitié se retrouve à la poubelle est tout simplement indécent et immoral.

Maintes fois nous avons vu des adultes et des enfants croquer un dessert afin de goûter seulement et ne pas le terminer. Des assiettes avec de la viande et des légumes laissés sans même être consommés. Des verres d’eau complets jetés, des boissons bues à moitié se retrouvant dans le sable. Et j’en passe. Chaque repas était comme le dernier pour plusieurs. Une assiette pouvait nourrir trois personnes. Des enfants en bas âge déjà obèses et à l’image de leurs parents. Au moins la moitié des vacanciers avaient un surplus de poids et mangeaient comme s’ils seraient privés de nourriture pendant une semaine. Les employés des restaurants constatent à chaque assiette jetée que nous ne sommes qu’un troupeau de bêtes bien nanties purement insensibles à leur réalité. Chaque assiette jetée pourrait nourrir leur propre famille convenablement.

PHOTO MARIE-EVE MORASSE, ARCHIVES LA PRESSE

Buffet dans un tout-inclus à Varadero, à Cuba

Le tout-inclus ne veut pas dire tout gaspiller. Le tout-inclus doit se redéfinir afin d’éviter (ou du moins limiter) ce gaspillage indécent. On doit en arriver à une certaine formule de l’usager payant tout en limitant de sortir la carte de paiement pour tout.

La technologie et l’intelligence artificielle peuvent aider fortement. Il suffit d’avoir la volonté de le faire.

Certains diront que je n’ai qu’à aller dans un hôtel où je paie pour tout ce que je consomme. C’est vrai, mais sachant que ce gaspillage sera toujours en œuvre ailleurs me fait dire, comme à bien d’autres, que l’humanité va bientôt frapper un mur si tout le monde s’en fout et que rien ne change. Le modèle du tout-inclus reflète aussi l’insouciance envers le réchauffement climatique. On consomme et on jette sans penser à toutes les ressources de la planète qui ont amené cette nourriture dans les assiettes.

Ce voyage m’a fait sentir honteux d’être de cette race « intelligente » qui gaspille tout. Voit-on les animaux en faire autant dans la nature ?

Au bout du compte, j’encouragerais la chaîne hôtelière qui deviendrait écoresponsable et sensible au gaspillage avec des actions concrètes en ce sens. Maintes fois, nous avons proposé aux responsables des hôtels déjà visités de sensibiliser les touristes au gaspillage. Les commentaires obtenus étaient que ça pourrait froisser les gens.

Vraiment... tout le monde s’en fout. À l’image de notre société me-myself-and-my-selfie.

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