Ce matin, nous étions en route pour le camp de jour : moi à pied, ma fille en trottinette. Au coin de la rue Beaubien, un VUS fait un arrêt tardif, dépasse largement la ligne d’arrêt. Pas au point de m’inquiéter, mais par réflexe, je lève le bras et prononce un « STOP » haut et fort en protégeant mon enfant. C’est tout.

Pourtant, la réaction de la jeune dame a été de nous klaxonner furieusement, ce qui a désarçonné ma fille de sa trottinette et moi de ma patience. La dame m’a levé bien haut son majeur tandis que j’essayais de lui faire remarquer qu’elle venait de faire un arrêt qui lui aurait fait couler n’importe quel examen de conduite.

Il aurait été si simple de s’excuser. Je suis une automobiliste moi aussi et je sais bien que nous ne sommes jamais parfaits. Mais nous savons bien quand nous étirons un peu notre privilège.

Il me semble que la seule posture acceptable est de reconnaître qu’assis dans nos voitures, nous sommes le fort qui doit aussi penser au faible : ici, une enfant en trottinette.

Nous vivons dans Rosemont depuis près d’un an et il n’y a pas un matin où je ne serre pas les mâchoires en m’approchant des coins de rue où ils sont nombreux à être si pressés. Juste au coin de l’école, les fameux « stops américains » se multiplient en pleine heure de rentrée des classes. Sur tous les groupes de citoyens, les automobilistes se plaignent de la multiplication des panneaux d’arrêt, mais un bien faible pourcentage respecte les passages réservés aux piétons.

Ce printemps, j’ai même constaté que plusieurs cyclistes ne se sentent pas concernés par la présence des brigadiers.

Chaque jour je reviens chez moi en ayant l’impression d’avoir évité les obstacles, mais très loin d’un sentiment de sécurité.

On le sait, le partage de la route est un sujet de vives tensions. Mais il me semble que tant qu’on ne s’entendra pas sur le fait que notre priorité à tous est de protéger nos enfants, il y a peu de chance qu’on s’entende entre adultes.

Les enfants ont le droit d’être dehors ! Ralentissez, faites vos arrêts, regardez partout. Et ne faites pas sentir les enfants coupables d’utiliser la route ; l’espace public leur appartient aussi.

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