Le jour où les tours de New York se sont écroulées, comme beaucoup d’entre nous, je me suis senti new-yorkais. À l’exemple de ceux qui sont sensibles à l’actualité, dans le passé, je me suis déjà senti tchétchène, rwandais, afghan, palestinien et, tout récemment, je me sens profondément ukrainien.

La vue des images de bains de sang m’émeut et me révolte. Découvrir que des vies sont fauchées pour rien me révulse. Je fais incontestablement partie de ces gens vulnérables que l’actualité interpelle et bouleverse.

Pour pallier mon sentiment d’impuissance, je contribue au fonds de la Croix-Rouge pendant que d’autres, plus inventifs que moi, combattent ces souffrances à leur façon.

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Richard Lemay

C’est le cas, notamment, d’un homme que j’ai eu le bonheur de rencontrer récemment. Il se nomme Richard Lemay. Il est directeur de vol pour une ligne aérienne canadienne. Il y a quelques années, lors des tragiques évènements survenus en Syrie, il s’est porté volontaire pour effectuer le premier vol de réfugiés entre Amman et Toronto. Avec le temps, il a assuré une demi-douzaine de vols humanitaires du même genre.

En plus d’assurer la gestion courante du service en cabine, M. Lemay s’est occupé à remplir celle-ci de vêtements chauds, que sa conjointe l’a aidé à recueillir, et d’une série de jouets que ses collègues ont eu la gentillesse d’offrir aux enfants afin de rendre leur traversée de l’océan plus plaisante.

Mais Richard Lemay ne s’est pas arrêté là. Par la suite, il s’est lancé à la quête de poupées Barbie et de petites voitures. Pour aider à dédramatiser la situation dans son avion, avec le consentement du personnel de l’ONG qui accompagnait les jeunes passagers, il a organisé une similimigration. Afin que tous les enfants puissent participer à l’exercice, il a fait installer deux aires de jeux dans l’appareil. Les garçons avaient la tâche d’utiliser les petits véhicules pour aller chercher les filles afin de les évacuer vers une maisonnette remplie de poupées symbolisant leur nouvelle demeure. Des jouets que les enfants ont eu le loisir, bien sûr, d’emporter avec eux après le vol.

Chaviré par les tragiques évènements qui se déroulent en Ukraine, et toujours désireux de fournir sa part, Richard a conçu un drapeau fleurdelisé aux couleurs de l’Ukraine.

Il a aussi instauré une campagne intitulée « Buy planes for Ukraine » qui a permis d’amasser des fonds au bénéfice des Ukrainiens.

Richard Lemay fait partie de ces êtres d’exception qui nous réconcilient avec les humains. Un homme qui lutte de toutes ses forces pour fermer la porte au désespoir.

« Pour certains, dit-il, je suis un peu mère Teresa, curé ou dame patronnesse. Personnellement, je constate que c’est le destin qui me provoque et qui me procure en même temps la satisfaction de vivre avec un peu plus d’intensité. Je carbure à l’émotion. Je ne peux pas résister à l’envie de plonger dans le vif du problème quand l’occasion d’aider se présente. Je dois admettre que ma vie a été riche de ces moments volés au hasard qui font que, maintenant, lorsque je ferme les yeux, je ne vois pas que du noir ! »

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