À l’occasion de la Semaine québécoise des personnes handicapées qui se déroule jusqu'au 7 juin, nous entendrons parler des personnes en situation de handicap dans les médias et sur les réseaux sociaux. Pendant sept jours, les personnes vivant avec des limitations sortiront de l’ombre afin d’être pour quelques instants sous les feux des projecteurs. Elles auront ainsi l’occasion de sensibiliser, partager et faire reconnaître leurs réalisations ainsi que les obstacles auxquels elles sont confrontés au quotidien. Prendrons-nous également le temps d’écouter leurs revendications ?

L’arrivée de la pandémie a révélé les failles du système de santé, a eu un impact disproportionné et a accentué les obstacles à la participation et à l’inclusion sociale des personnes en situation de handicap. Cette grande épreuve a renforcé la solidarité, la détermination et surtout la résilience du milieu communautaire, et cela malgré son invisibilisation auprès des médias publics et des instances gouvernementales.

Cette année, la Semaine québécoise des personnes handicapées coïncide avec le deuxième anniversaire du Collectif des organismes pour la défense des droits des personnes en situation de handicap (CODDPSH). Rassemblant 11 organismes, le CODDPSH milite pour l’inclusion pleine et entière des personnes en situation de handicap au sein de la société québécoise.

Au cours des deux dernières années, nous avons travaillé avec nos membres pour dresser le bilan de la situation au Québec. Malheureusement, nous sommes forcés de constater qu’il reste beaucoup de chemin à faire avant d’atteindre l’égalité.

Selon les données de l’Enquête québécoise sur les limitations d’activités, les maladies chroniques et le vieillissement, 33,3 % des personnes de 15 ans et plus au Québec vivent avec une limitation au quotidien.

Pourtant, les budgets alloués par le gouvernement de François Legault aux programmes en matière de logement accessible, d’aide à domicile, de transport accessible et d’emploi pour les personnes en situation de handicap sont largement insuffisants.

Alors que la pénurie de logements abordables frappe l’ensemble de la population québécoise, le défi de trouver un logement accessible, adaptable et abordable est d’autant plus dantesque. La décision du gouvernement de la CAQ de délaisser le programme AccèsLogis au profit d’entreprises privées constitue un grave obstacle à l’autonomie des nombreuses personnes en situation de handicap qui se retrouvent sur des listes d’attente interminables pour l’accès à un logement accessible et adaptable, ou se voient contraintes de vivre en CHSLD.

L'aide à domicile et à l'emploi sont limitées

En matière d’aide à domicile, le schéma est semblable : les listes d’attente s’allongent et la pénurie de main-d’œuvre entraîne des bris de service. Bien que le gouvernement ait alloué des sommes additionnelles à l’aide à domicile, l’enveloppe budgétaire concernée ciblait les besoins des aînés en perte d’autonomie, laissant de côté les besoins spécifiques des personnes en situation de handicap. De plus, rien ne garantit que ces augmentations perdureront après la crise sanitaire.

Du côté de l’emploi, la situation n’est guère plus rose : le Contrat d’intégration au travail (CIT), qui est le seul programme facilitant l’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap, ne permet pas de répondre à la demande grandissante des organismes et entreprises.

De plus, les quelques statistiques disponibles depuis l’adoption par la CAQ de la Stratégie nationale pour l'intégration et le maintien en emploi des personnes handicapées ne permettent pas de conclure à une représentation significativement plus élevée des personnes ayant des limitations sur le marché du travail.

L’accès à l’emploi, déjà difficile pour ces individus, l’est encore plus pour les personnes demandeuses d’asile et en situation de handicap. Une autre partie de la société qui souffre de la négligence du gouvernement Legault.

Et le transport adapté manque de ressources

De plus, pour se rendre à leur travail, comme à l’ensemble de leurs activités quotidiennes, les personnes en situation de handicap ont également besoin de services de transport adapté ponctuels et fiables. Or, des ruptures de service sont rapportées à travers la province, et les cris du cœur des chauffeurs de taxi, qui effectuent la majorité des déplacements du transport adapté, se multiplient.

Dans certaines municipalités, des personnes voient leurs demandes de déplacement refusées en raison d’un manque de ressources. Sans transport adapté, les personnes en situation de handicap seront les seules à demeurer confinées.

En cette Semaine québécoise des personnes handicapées, nous souhaitons voir le travail et les réalisations des personnes en situation de handicap mises de l’avant, mais nous voulons également que leurs revendications collectives soient prises en compte. Espérons qu’en juin de l’année prochaine, nous pourrons enfin célébrer la pleine participation sociale et l’égalité en matière de droits des personnes en situation de handicap.

* Le CAPVISH est membre du Collectif des organismes pour la défense des droits des personnes en situation de handicap (CODDPSH), dont font également partie l'Action des femmes handicapées Montréal, l'Association multi-ethnique pour l’intégration des personnes handicapées du Québec, le Centre communautaire Radisson, le Comité d’action des personnes vivant des situations de handicap, Ex aequo, l'Institut national pour l’équité, l’égalité et l’inclusion des personnes en situation de handicap, Moelle épinière et motricité Québec, le Mouvement PHAS, Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain, le Regroupement des usagers du transport adapté et accessible de l’île de Montréal et le Réseau international sur le processus de production du handicap.

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