Le projet de REM de l’Est a finalement été retiré à CDPQ Infra et repris en main par les autorités régionales et québécoises. Dans le transfert, le projet semble perdre une de ses caractéristiques les plus structurantes : un nouveau lien direct avec le centre-ville de Montréal. L’Est, pénalisé depuis des décennies par rapport au reste de la métropole, a droit à bien plus qu’un demi-REM. Le moment est venu de mettre fin à des décennies de négligence et de demi-mesures. Le flottement actuel plonge également dans l’attente un vaste territoire encore très mal intégré au reste de la métropole et qui souffre d’une desserte déficiente en transports en commun.

Alors qu’il est impératif de densifier les milieux urbanisés, l’Est présente un énorme potentiel de réaménagement. Encore faut-il qu’il soit beaucoup plus accessible qu’il ne l’est actuellement. Il faut équiper l’Est d’un nouveau transport collectif structurant, relié au centre-ville et au reste du réseau, et il faut le faire rapidement.

Malgré ses défauts, le projet de REM de l’Est laissé sur la table répondait favorablement à une véritable demande. C’est ce qu’indique clairement un sondage Léger réalisé pour le compte de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal quelques jours avant le retrait de CDPQ Infra : le projet de REM de l’Est, en site propre, recueillait l’appui impressionnant des deux tiers des résidants de l’est.

Lucides et inquiets, 84 % des résidants estiment aussi qu’il faudra attendre une génération si le projet, comme présenté, était abandonné. Le message est clair : c’est maintenant que ça passe ou que ça casse.

Pour maintenir l’élan et assurer la réalisation du projet, nous mettons au jeu cinq principes directeurs qui devraient guider la poursuite des travaux au cours des prochains mois :

1. Réintégrer au projet un lien direct avec le centre-ville (gare Centrale) et ainsi assurer une connexion au reste du réseau. Se connecter directement au centre-ville, c’est aussi se connecter directement à l’ensemble des réseaux de transport métropolitains et interrégionaux. C’est sortir tout l’Est de son isolement. C’est donner accès à toute la région pour l’ensemble des résidants de l’Est et c’est rendre l’est accessible de partout. Pour ce tronçon, le mode souterrain doit être considéré.

2. Agir rapidement en s’appuyant sur les travaux de CDPQ Infra et livrer le projet dans les 10 prochaines années. L’Est ne peut plus attendre. Chaque mois de délai, ce sont des occasions d’affaires et de mise en valeur perdues, du développement immobilier entravé et une fracture urbaine qui se creuse avec le reste de l’île.

3. Offrir un service, en site propre intégral, alliant fréquence, vitesse, fiabilité et expérience de qualité métro. Plus le trajet est long, plus la fiabilité et la vitesse sont cruciales et exigent un site propre intégral, semblable à un métro et sans aucune entrave, ce qui permet des trajets plus rapides et qui disqualifie certaines solutions qui pourraient s’avérer appropriées dans un autre contexte, dont le tramway. Le rattachement de l’Est doit jouir d’une desserte concurrentielle à haute fréquence, toute la journée.

4. Avoir une grande couverture géographique de l’est, notamment auprès de clientèles mal desservies actuellement. Avec ses deux antennes, le projet de CDPQ Infra prévoyait desservir des secteurs actuellement orphelins. Le projet final doit desservir au moins autant de territoires, sinon plus.

5. Être un réel levier de revitalisation et inclure les investissements nécessaires autour du tracé afin de maximiser la création de valeur et l’intégration urbaine. L’Est a trop longtemps souffert d’un manque d’investissements. L’implantation d’un réseau de transport collectif doit devenir un levier d’accélération des investissements privés et inclure des projets d’intégration urbaine tels que des stations programmatiques, des places publiques, des pistes cyclables, etc., et propulser une véritable métamorphose du territoire, notamment en demeurant à l’écoute des préoccupations locales pour bonifier le projet.

Tant que l’Est reste mal intégré au réseau existant, c’est toute la région qui est amputée d’un secteur crucial pour sa vitalité. La nouvelle donne actuelle ne doit pas déboucher sur un projet tronqué et à courte vue. Au contraire, cela doit nous permettre d’aller plus loin !

Pour relever le défi de l’urgence climatique, faire fructifier un territoire aux multiples possibilités et offrir une option de transport durable irrésistible à l’autre moitié de la métropole, il nous faut accoucher du meilleur projet possible. Celui qui aura tous les atouts du REM de l’Est, sans ses inconvénients.

Nous offrons aux parties prenantes toute notre collaboration pour enfin mettre sur les rails le projet que mérite tout autant l’Est que l’ensemble de la métropole.

* Cosignataires : Christian Yaccarini, président et chef de la direction de la Société de développement Angus ; Jean-Denis Charest, président-directeur général de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal ; Catherine Nesterenko, membre du conseil d’administration de l’Alliance pour l’Est de Montréal et vice-présidente de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal ; Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain ; Denis Pelletier, président de la Chambre de commerce de la Pointe-de-l’Île ; Guy Nadeau, directeur général de Desjardins Entreprises–Est de Montréal ; Ron Rayside, associé-architecte chez Rayside Labossière ; Jean-François Lalonde, directeur général de PME MTL Centre-Est ; Dimitri Tsingakis, directeur général de l’Association industrielle de l’Est de Montréal ; Guy Laganière, président de Groupe C. Laganière ; Jonathan Roy, directeur général de CDC de la Pointe–Région Est de Montréal ; Malika Habel, directrice générale du Collège de Maisonneuve ; Sylvain Mandeville, directeur général du cégep Marie-Victorin ; Sylvain Cofsky, président-directeur général d’Innovitech Inc. ; Louis-Edgar Jean-François, directeur général de Groupe 3737 ; Vanessa Sykes Tremblay, directrice générale de Vivre Saint-Michel en santé ; François Claveau, directeur général de la Corporation Mainbourg ; Jean-Philippe Alepins, directeur du financement public et privé à la Société des arts technologiques ; Benoist de Peyrelongue, directeur général de Cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve ; Joanne Paiement, présidente de l’Association des commerçants et professionnels du Vieux-Pointe-aux-Trembles ; Joëlle Vincent, associée-fondatrice chez Viaconseil ; Véronique Poulin, présidente de Spheratest Environnement ; Mathieu Huppé, président de BoulZeye, Pub & Attractions

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion