L’auteure s’adresse au premier ministre François Legault

Monsieur le Premier Ministre, dans une société qui valorise l’inclusion et la diversité, il est surprenant de constater à quel point le système peut faire preuve d’indifférence quand il s’agit de la qualité de vie des personnes handicapées.

Afin de pallier le manque de personnel dans les CHSLD, le salaire des préposés aux bénéficiaires du secteur public a connu une hausse importante. On sait qu’il en a résulté une concurrence déloyale entre le public et des organismes communautaires à but non lucratif. C’est notamment le cas des Maisons d’à côté de Joliette, deux résidences accueillant des personnes vivant avec une déficience physique. Avec un personnel présent 24 heures sur 24, les Maisons d’à côté offrent en effet plusieurs services à leurs résidants, qu’il s’agisse, par exemple, de la préparation des repas, de l’habillage, ou encore d’un service de loisir.

À cause de l’écart avec le secteur public, il est très difficile d’attirer des préposés aux bénéficiaires dans les organismes communautaires comme les Maisons d’à côté.

Certes, pendant la pandémie, une « prime COVID » a été donnée au personnel de ces organismes pour atténuer en partie l’écart. Or, le gouvernement veut dorénavant retirer cette prime.

Les responsables de ces organismes communautaires ont tout fait ce qui était en leur pouvoir pour tenter d’obtenir l’aide financière leur permettant de maintenir le salaire de leurs employés. Or, le gouvernement a refusé les demandes d’entrevue, sous prétexte que les discussions se poursuivaient sur la façon de maintenir les services dans ces centres.

Enfin, devant l’inaction du gouvernement, des organismes comme les Maisons d’à côté se voient dans l’obligation d’augmenter grandement les loyers de leurs résidants afin d’éviter que ceux-ci se retrouvent dans des CHSLD en cas de fermeture. Encore une fois, ce public démuni qui manque de ressources passe sous le radar.

Risque de fermetures

Pour plusieurs personnes handicapées, un milieu de vie tel que les Maisons d’à côté constitue la seule chance d’avoir un chez-soi qui stimule réellement leurs intérêts, et dans lequel elles peuvent s’épanouir et conserver une certaine autonomie. Certains de ces résidants travaillent, vont au gym, participent à diverses activités sociales, artistiques, etc.

Sans cette possibilité, elles risquent de se retrouver dans des CHSLD, quel que soit leur âge par ailleurs. Ce n’est pas normal que la seule solution pour leur permettre de participer à la vie sociale est de vider leurs poches. Même sans cette augmentation, le loyer exigé pour vivre dans ces centres adaptés représentait déjà une grande partie de la minime aide financière accordée aux personnes handicapées n’ayant pas la capacité de travailler.

Jusqu’à quel point veut-on que ces gens se sentent isolés et abandonnés en raison d’une condition qu’ils n’ont pas choisie ? Je crois qu’on peut espérer mieux en matière d’inclusion au Québec à notre époque.

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