En réponse à la lettre d’opinion de Brendan O’Dowd, « Crise du logement : Saint-Bruno refuse l’accessibilité »⁠1, publiée le 21 mai

Saint-Bruno vient d’adopter des mesures exceptionnelles afin de reprendre le contrôle du développement immobilier sur son territoire et protéger son cachet unique. Il semble que ces mesures aient touché une corde sensible, notamment chez un certain promoteur immobilier qui y voit l’apocalypse !

Comprenons-nous bien : il est légitime de critiquer ces modifications, mais encore faut-il les avoir bien comprises.

Ces modifications réglementaires sont avant tout des mesures d’urgence instaurées afin de reprendre le contrôle du développement immobilier, d’ici à une révision du Plan d’urbanisme dans son ensemble.

Avant notre arrivée, les citoyens ont pu constater les aberrations d’un Plan d’urbanisme dépassé et qui n’était pas du tout en phase avec sa population : construction de tours de condos dans des milieux boisés, approbation d’un crématorium en plein quartier résidentiel, magasin de vapotage rose au milieu de la place du village, destruction de maisons unifamiliales en bon état, etc.

Il est également faux de prétendre que le règlement s’arrête à deux étages seulement. Des bâtiments de trois étages seront permis, mais au lieu de donner des chèques en blanc aux promoteurs, ces derniers devront justifier leurs projets et s’assurer qu’ils s’adaptent bien avec le milieu bâti existant avant autorisation.

Nouveau quartier des Promenades

L’écoquartier des Promenades est un projet de l’ancienne administration prévu depuis 2015. Il nous est impossible de bloquer ce projet sans expropriation et ce dernier se serait fait avec ou sans les récentes modifications de zonage.

Il est cependant légitime de mentionner que les projets à haute densité de sept étages sont plus souhaitables à cet endroit qu’à l’intérieur d’un centre-ville villageois dans lequel des immeubles de quatre étages peinent déjà à s’intégrer avec le milieu bâti existant.

Ces modifications réglementaires n’empêchent pas les projets de logements sociaux au centre-ville et elles nous donnent même du levier pour en exiger plus. Récemment, un promoteur immobilier qui souhaitait construire un immeuble de trois étages s’est montré ouvert à y ajouter du logement abordable afin d’obtenir son autorisation pour un étage supplémentaire. Cela aurait été impensable à obtenir avant la modification au règlement.

Pour une densification intelligente

La tangente que prend ce débat m’inquiète : on semble vouloir nous diviser entre ceux qui seraient « pour » et ceux qui seraient « contre » la densification, alors qu’il n’en est rien. Il faut accepter les nuances et comprendre que nous avançons tous dans la même direction, mais en tenant compte des réalités propres à chacune de nos villes. Il est aussi important de rappeler que Saint-Bruno fait déjà sa part en lien avec la densification : non seulement nous atteignons les ratios de densité dictés par la Communauté métropolitaine de Montréal, mais nous les dépassons largement !

Il faut favoriser les habitations bigénérationnelles, inclure du logement social et s’assurer que tout projet à étages a du sens et s’intégrera bien là où l’on veut l’amener.

On doit densifier intelligemment, mais on ne peut s’y prendre n’importe comment. Et par-dessus tout, il faut tenir compte de l’acceptabilité sociale, un concept trop souvent oublié par les donneurs de leçons.

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