Mardi dernier, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, présentait son nouveau tableau de bord permettant d’avoir rapidement et régulièrement un état de situation du réseau de la santé et des services sociaux. Ce témoin des conséquences de la maladie, ou plutôt du manque de santé au Québec, constitue une avancée majeure en matière de transparence et de capacité à suivre et analyser les besoins des Québécois en ce qui concerne les soins.

Cependant, le tableau de bord montre aussi la sous-utilisation de la santé publique et de la prévention pour l’atteinte des cibles, ces deux sections étant en cours de développement. Or, pour rendre au vert la plupart des indicateurs du tableau de bord dans un contexte de ressources limitées, il faut s’assurer d’opérer une transition de notre ministère de la Maladie vers un véritable ministère de la Santé en plaçant la prévention et la promotion de la santé au cœur des stratégies prioritaires.

Parmi les clés essentielles pour y arriver, le projet de loi 19, dont l’étude et l’adoption semblent destinées à mourir au feuilleton, est indispensable. Celui-ci a notamment pour objectif de permettre d’utiliser plus efficacement et rapidement les données du réseau, tout en protégeant et impliquant la population pour la collecte et l’utilisation de ses données de santé.

Ce changement apporterait de meilleures données pour mesurer les impacts de nos actions et, ainsi, prendre des décisions mieux éclairées et en temps opportun.

Alors que les soins représentent déjà près de 50 % des dépenses du gouvernement, et donc, une grande proportion de l’argent des contribuables, chaque dollar doit être investi de la meilleure manière pour assurer la viabilité de notre système public. Par un meilleur accès à l’information, nous pourrons éviter la gouvernance à l’aveugle et réduire le risque d’investir aux mauvais endroits ou de devoir revenir en arrière.

Certains pas ont été faits. L’an dernier, l’accès aux données a connu des évolutions importantes lors de l’adoption des projets de lois 64 et 95 sur la protection des données. Il reste toutefois un travail colossal à réaliser, travail que le projet de loi 19, une fois étudié et perfectionné, devait compléter pour permettre le partage et le croisement de données autant sur la maladie que sur la qualité de vie et la véritable santé.

Ce projet de loi, profitable à tous en soutenant les meilleures décisions et en permettant aussi de les juger, reçoit d’ailleurs une bonne acceptabilité sociale : la population en a besoin pour avoir un meilleur accès aux soins lorsque nécessaire et avoir du pouvoir sur sa santé alors que le milieu des soins, de nombreuses organisations sociocommunautaires et les chercheuses et chercheurs le demandent depuis plusieurs années.

Cette mort annoncée du projet de loi 19 repoussera encore de plusieurs mois notre capacité collective à faire mieux pour notre santé durable et pour le portefeuille des contribuables.

Par conséquent, nous invitons tous les partis politiques à inscrire dans leurs plateformes électorales respectives l’enjeu primordial de l’accès aux données afin qu’il devienne prioritaire et soit traité dès l’ouverture de la prochaine législature.

Nous avons déjà perdu plusieurs années d’efficacité et d’efficience : nous n’en avons plus les moyens. Faisons en sorte que ce projet de loi 19 continue d’évoluer pour devenir, à la rentrée parlementaire, le projet de loi 1 !

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