En réponse au texte d’opinion de François Delorme, « Éducation au Québec : pour un nivellement vers le haut qui soit gagnant-gagnant », publié le 11 mai

Lisez « Éducation au Québec : pour un nivellement vers le haut qui soit gagnant-gagnant »

La Fédération des établissements d’enseignement privés reconnaît la pertinence de réfléchir collectivement et d’explorer diverses stratégies pour accroître l’égalité des chances en éducation.

Toutefois, d’entrée de jeu, il faut préciser que certaines affirmations mises de l’avant par le collectif École ensemble sont fausses. Le Québec n’est pas la province la plus inégalitaire en matière d’éducation, comme l’a clairement démontré une étude du Groupe de recherche sur le capital humain de l’UQAM en 2021. Ce n’est pas non plus la province où il y a la plus forte proportion d’élèves qui fréquentent l’école privée (c’est la Colombie-Britannique, selon Statistique Canada). Mais au-delà de ces précisions, École ensemble a le mérite d’avoir mis sur la table une proposition audacieuse qui contient des pistes de réflexion intéressantes.

Au cours des 15 dernières années, les écoles privées se sont donné comme objectif de faire davantage de place aux élèves qui éprouvent des difficultés scolaires. Aujourd’hui, 22 % des élèves qui fréquentent une école privée régulière ont un plan d’intervention à la suite de diagnostics de handicaps, de troubles d’apprentissage ou d’adaptation. Ces élèves réussissent dans nos écoles et y sont heureux. Nous accueillons favorablement toute discussion pour en faire davantage.

La Fédération appuie l’idée d’offrir des programmes particuliers ou des concentrations à tous les élèves, y compris ceux qui éprouvent des difficultés. La majorité des écoles privées secondaires ont déjà adopté cette formule, et les résultats sont concluants.

On observe que l’accès à différents programmes et différentes options vient soutenir la motivation et le sentiment d’appartenance de ces élèves, sans nuire à leurs résultats scolaires. Nous serions heureux de partager les différents modèles mis en place pour favoriser cette approche.

Parallèlement à ces efforts, différentes initiatives ont été implantées pour développer la différenciation pédagogique, afin que chaque élève reçoive l’accompagnement et la stimulation dont il a besoin pour réussir et s’épanouir. L’école privée se démarque par l’innovation en matière d’éducation et contribue à l’amélioration de notre système d’éducation. D’ailleurs, nos enseignants et enseignantes sont nombreux à partager leur expertise dans le cadre de différents colloques et sommets en éducation, au bénéfice de toutes les écoles québécoises.

La Fédération croit aussi qu’il serait pertinent de réfléchir à des solutions pour que les frais de scolarité ne soient pas un obstacle à la fréquentation de l’école ou du programme de leur choix pour les jeunes de familles moins favorisées. Actuellement, environ 7000 jeunes bénéficient d’aide financière pour fréquenter l’école privée. Malgré les efforts colossaux déployés par les équipes-écoles et les fondations, nous sommes bien conscients que cela demeure insuffisant dans une perspective d’égalité des chances.

Par ailleurs, la Fédération croit que l’idée d’attribuer une école à un élève en fonction de son code postal, plutôt qu’en fonction de ses besoins et de ses champs d’intérêt, est une mauvaise idée.

Certains élèves bénéficient de la fréquentation d’une petite école où tout le monde se connaît, alors que d’autres s’épanouissent davantage dans une grande école avec un vaste choix d’options ou d’activités. Certains ont besoin de plus d’encadrement, alors que d’autres nécessitent plus d’autonomie pour persévérer. Certaines familles font face à d’importantes contraintes de conciliation travail-famille et doivent avoir accès à des horaires et des services adaptés à leur réalité.

Nous croyons fermement que le fait d’offrir un choix d’école aux familles québécoises est un avantage pour la réussite et la persévérance de nos enfants. Bref, la même école pour tous risque de ne pas être la bonne école pour plusieurs.

Mentionnons rapidement que l’analyse économique présentée par École ensemble sous-estime de nombreux coûts liés à son plan. Par exemple, il est impensable que 50 % des parents qui envoient leur enfant à l’école privée puissent continuer à le faire si les frais s’élèvent à 11 000 $ par année, soit le coût réel pour scolariser un élève. De plus, l’analyse ne tient pas compte des coûts liés aux bâtiments des écoles privées qui, dans certains cas, sont des bâtiments patrimoniaux qui nécessitent d’importants travaux. Loin de générer des économies, ce plan entraînerait des coûts importants pour l’État. Ces fonds ne seraient-ils pas mieux investis pour soutenir les élèves en difficulté et ceux qui proviennent de milieux défavorisés ?

Mais au-delà des questions d’argent, les grandes perdantes seraient les familles québécoises qui n’auraient plus la possibilité de choisir l’école qui répond le mieux aux besoins de leurs enfants. Tant la Charte des droits et libertés de la personne du Québec que la Déclaration universelle des droits de l’homme de l’ONU protègent ce droit fondamental. Veillons à rendre ce droit plus accessible à tous, plutôt qu’à le limiter.

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