On a annoncé en grande pompe la semaine dernière l’installation de l’anneau en plein cœur du centre-ville de Montréal. On parle de ce projet comme d’un « symbole » et d’un lieu de rassemblement propice à une « connexion forte ». Comme on a mis l’accent sur la symbolique de l’œuvre lors de sa présentation, il est nécessaire d’en interpréter sa signification au-delà de son aspect strictement esthétique.

Bien que l’envergure de l’anneau soit impressionnante, sa forme, elle, rend l’interprète songeur. Le cercle, ici vide, est généralement le symbole de l’unité, de la cohésion et de l’harmonie. On peut y voir en ce sens la représentation du vivre-ensemble montréalais, jamais réellement atteint, mais auquel on aspire collectivement.

Cette vision de l’harmonie est toutefois un peu courte et l’immense vide autour duquel gravite ce vivre-ensemble laisse perplexe.

En fait, n’est-ce pas là ce qui cause autant de différends chez bon nombre de Québécois concernant la question de la cohésion sociale, soit une référence vierge en guise de repère commun ?

La symbolique de l’anneau est en ce sens symptomatique d’une conception de la citoyenneté bien ténue et d’un vivre-ensemble qui prend davantage les apparences d’un « vivre-à-côté » plutôt qu’un réel échange à partir de référents partagés par les citoyens.

Une œuvre montréalaise ?

La simplicité de la forme rappelle aussi d’autres œuvres d’art publiques que l’on retrouve dans plusieurs grandes villes partout dans le monde. La particularité de ces œuvres est qu’elles ne sont marquées par aucune profondeur historique ou culturelle.

Force est en effet de constater que l’anneau pourrait flotter dans n’importe quelle métropole et il y trouverait bien sa place.

À une époque où on n’a de cesse de se réclamer de la diversité, il aurait été intéressant que ce projet « symbolique » pour Montréal témoigne du particularisme de la ville.

Ce simplisme dans la forme et cette absence de spécificité culturelle sont typiques de l’époque portée vers le reniement de soi. Comme les symboles traditionnels porteurs de sens, comme ceux liés à la religion ou l’histoire, ne sont plus que tolérés à titre de résidus patrimoniaux, les firmes d’architectes se tournent vers des figures simples qui font référence à tout et rien à la fois.

Il devient par le fait même impossible de créer des mécontents ou bien d’exclure des communautés qui ne se sentiraient pas représentées par l’œuvre. Ainsi, l’esplanade de la Place Ville Marie sera un lieu consensuel qui servira de moyen d’attirer travailleurs et touristes, bref des dollars, au centre-ville.

Cela dit, il faut espérer que l’anneau remplira sa fonction économique. Pour ce qui est de sa portée symbolique, on se doit de se dire que la création d’un référent commun porteur de sens pour les Québécois et les Montréalais sera pour une prochaine fois.

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