À la suite de la récente publication du Plan pour mettre en œuvre les changements nécessaires en santé par le gouvernement du Québec, la relève médicale tient à exprimer ses inquiétudes face à l’absence manifeste de représentation des enjeux liés à la santé autochtone dans celui-ci.

Bien que nous soyons d’accord avec les objectifs de ce plan de refondation et avec la majorité des changements proposés, nous croyons fermement que l’absence de solutions visant la réconciliation, la sécurisation culturelle et la représentativité autochtone en santé ne peut être ignorée. Soulignons également que, selon le comité de suivi des appels à l’action de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec (CERP), aucun des 34 appels à l’action n’a été réalisé à ce jour. Qui plus est, en date du 11 avril 2022, seulement 106 099 employés du réseau de la santé avaient complété une formation en sécurité culturelle, soit environ 33 % de l’ensemble des travailleurs et des travailleuses du réseau.

Racisme systémique et sous-représentation autochtone en santé

Pourtant, le constat est clair : le racisme et la discrimination envers les personnes autochtones dans le système de santé sont des réalités documentées qui contribuent aux inégalités en santé entre personnes autochtones et personnes allochtones.

Ces inégalités se manifestent dans l’accès et la qualité des soins de santé qui s’expliquent par le manque de services culturellement adaptés et la sous-représentativité autochtone dans le système de santé.

C’est en voulant faire partie de la réconciliation que la Fédération médicale étudiante du Québec (FMEQ) a rédigé un mémoire portant sur la sécurisation culturelle et la représentation autochtone chez la relève médicale. Une revue de la littérature, un travail de recension auprès de différents acteurs clés et un groupe de discussion auprès de plusieurs étudiants en médecine autochtones ont mis en lumière plusieurs problématiques, dont l’existence de barrières d’accès aux études en médecine et l’absence de reconnaissance du racisme systémique en santé. Les jeunes personnes autochtones font face à plusieurs barrières d’accès aux études en médecine, dont le manque de modèles de rôles autochtones dans le domaine de la santé, l’existence de barrières financières aux études en médecine et la méconnaissance importante du Programme des facultés de médecine pour les Premières Nations et les Inuits du Québec (PFMPNIQ).

De plus, 34,9 % des externes en médecine ayant répondu au sondage ont été exposés à au moins une situation de racisme ou de discrimination envers un patient autochtone par un membre du personnel de la santé.

Qui plus est, la moitié considèrent que la qualité de leur formation actuelle visant à répondre aux besoins des patients des Premières Nations et des Inuits et l’exposition clinique n’est pas satisfaisante. Bien que les cursus en santé autochtone aient été bonifiés et que l’exposition clinique ait augmenté durant les dernières années, un travail constant est nécessaire afin de former les futurs médecins en tenant compte des besoins des communautés autochtones.

Appels à l’action

La relève médicale aimerait appeler notre gouvernement et nos facultés de médecine à l’action. Plus spécifiquement, la FMEQ appelle notre gouvernement à reconnaître le racisme systémique envers les personnes autochtones, à accélérer la formation du personnel de la santé sur les enjeux de sécurisation culturelle, à réaliser les 34 appels à l’action du CERP en matière de santé et de services sociaux, à soutenir les communautés autochtones dans leurs efforts de rétention des travailleurs de la santé dans les communautés éloignées, à soutenir la création du programme de sciences de la nature au cégep de Kiuna et à augmenter le nombre de places dans les programmes de médecine pour les membres des Premières Nations et les Inuits. La relève médicale est prête à faire partie de la réconciliation et nous devons espérer que les différents paliers décisionnels de notre système de santé le soient aussi.

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