Il est extrêmement rare, peut-être même unique, de voir le gouvernement du Québec prendre une décision qui s’oppose radicalement à ce que lui recommandent ses 18 directions régionales de santé publique. C’est pourtant ce qu’il a fait en autorisant une augmentation des normes de nickel dans l’atmosphère au Québec. Nous jugeons que cette décision est inacceptable.

Le dossier du nickel est très complexe, mais aussi très simple. Le nickel est un contaminant atmosphérique dont certaines formes sont reconnues comme ayant un potentiel cancérigène.

Pour accommoder des entreprises minières ayant des activités au port de Québec, le gouvernement prévoit adopter un projet de loi visant à autoriser des quantités plus élevées de nickel dans l’air que l’on respire quotidiennement, avançant qu’une telle mesure ne serait pas nuisible à la santé. Il dit se fier aux normes en vigueur en Europe et en Ontario.

Toutefois, il omet un élément de taille : le type de nickel présent en majorité dans ces régions n’est pas le même que celui retrouvé à Québec. En Europe, les effets du nickel causent surtout de l’irritation respiratoire. Toutefois, le type de nickel que nous retrouvons à Québec est, quant à lui, associé plutôt à des cancers pulmonaires.

Pour ce type, la norme de l’Organisation mondiale de la santé est d’ailleurs beaucoup plus sévère. Devant un risque aussi important, il est requis d’appliquer le principe de précaution, question de minimiser les conséquences, potentiellement mortelles.

En allant de l’avant avec cette nouvelle réglementation, le gouvernement québécois commet une erreur fondamentale. Malgré les risques énoncés et documentés de groupes comme les directions régionales de la santé publique et l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME), il choisit consciemment de favoriser le développement d’une industrie déjà reconnue pour ses piètres pratiques environnementales plutôt que de protéger la santé de ses citoyens.

Déjà, chaque année, au Québec, la pollution atmosphérique est responsable de plus de 4000 morts prématurées et engendre des coûts sanitaires estimés à 30 milliards de dollars, sans compter le fardeau supplémentaire sur notre système de santé déjà congestionné.

La santé humaine avant tout

Il est inadmissible de prétendre, d’un côté, vouloir réduire la congestion dans le réseau, mais, de l’autre, prendre continuellement des décisions qui exacerbent les risques sanitaires. Cela est sans compter que la population la plus affectée par cette nouvelle norme sera celle de la basse-ville de Québec, qui présente parmi les plus hauts niveaux de défavorisation socioéconomique, de comorbidités médicales et de risques environnementaux de la province.

Aujourd’hui, nous appelons le gouvernement québécois à revenir sur sa décision et à s’inspirer plutôt des meilleures pratiques. Des solutions simples et peu coûteuses, comme le transbordement sous-vide, sont à notre portée. D’autres législations partageant une réalité semblable à la nôtre (comme l’Australie de l’Ouest) ont eu le courage de le faire, sans même que cela nuise à leur développement économique.

Nous invitons François Legault, Benoit Charette et l’ensemble des ministres à faire preuve de courage et de responsabilité : la moindre des choses, c’est que la santé humaine passe avant celle de l’industrie.

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