Depuis plus de 20 jours, plusieurs haltes chaleur sont fermées à Montréal et dans le reste du Québec, car le financement qui assure leur pérennité est attribué jusqu’au 31 mars, chaque année. Pourtant, le mercure descend en dessous d’un niveau où la vie des personnes en situation d’itinérance peut être mise en danger, particulièrement celles qui n’accèdent pas à un refuge ou qui habitent dans un lieu public, dans des bâtiments inoccupés ou dans un véhicule, etc.

Une halte chaleur est un lieu où les personnes peuvent trouver une source de chaleur sans qu’elles aient à y rester toute la nuit. Il ne s’agit pas d’un refuge, mais d’un lieu ouvert 24 heures, 7 jours sur 7 (dans le meilleur des mondes), où il est possible de se reposer et de trouver du soutien en cas de besoin. La fermeture des haltes chaleur est contestable, c’est un enjeu important pour les personnes qui habitent la rue. Celles-ci sont confrontées à vivre de l’instabilité et à devoir se réorganiser lorsqu’il y a une rupture des ressources qui leur viennent en aide, sans qu’il n’y ait de solution de rechange adaptée à leurs besoins.

Dans les faits, le manque de places en refuge n’est pas la seule raison qui pousse ces personnes à habiter la rue. Même si on multiplie les lits, si les conditions ne conviennent pas, cela n’aide en rien leur situation.

On doit se rendre à l’évidence : l’offre en hébergement actuel n’est pas adaptée à l’ensemble de la population itinérante.

Les nombreuses règles adoptées pour assurer une meilleure gestion des refuges sont souvent des mesures d’exclusion pour ces personnes à cause de contraintes, quand elles ne sont pas tout simplement bannies pour non-respect du code de vie. Certaines personnes sont réfractaires aux refuges en raison des heures de rentrée, du décompte pour avoir un lit ou des départs matinaux. D’autres refusent d’y aller parce qu’elles ont peur de se faire agresser, de se faire voler ou d’être infectées par des punaises de lit.

Par conséquent, il faut offrir une réponse adaptée aux personnes qui se retrouvent à vivre dans la rue. Les haltes chaleur sont une de ces réponses. Leur fermeture ne fait que fragiliser le réseau d’entraide des personnes itinérantes, au point qu’on perd la trace de beaucoup d’entre elles.

Le plan d’urgence en itinérance ne doit plus être pensé en termes de saisons. L’itinérance ne s’arrête pas le 31 mars de chaque année. Il est donc de la responsabilité du gouvernement d’assurer une pérennité et une stabilité des ressources en itinérance. Le froid expose ces personnes à des risques pour leur santé et pour leur vie.

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