Coup sur coup, les publications récentes du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et du Plan de réduction des émissions du Canada pour 2030 du gouvernement fédéral ont eu pour effet de décourager bien des gens.

Selon le GIEC, pour atteindre les cibles de l’accord de Paris, il faut une baisse substantielle de la consommation et de la production d’énergies fossiles. À peu près en même temps, nos gouvernements provincial et fédéral ont reconnu ne pas pouvoir atteindre les cibles dans les temps impartis pour limiter le réchauffement climatique, déclarant que c’était tout simplement impossible.

Or, au Québec, il est possible dès maintenant de réduire considérablement la consommation d’énergies fossiles, ainsi que le gaspillage énergétique.

C’est notamment le cas dans l’ensemble du secteur industriel, responsable de près de 44 % du bilan québécois d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Dans les faits, la décarbonation du secteur industriel est déjà amorcée. À titre d’exemple, des projets réalisés par Ecosystem ont réduit de près de 35 % les émissions de GES issues des activités d’entreprises agroalimentaires, métallurgiques et aéronautiques. Dans le secteur institutionnel, nous contribuons à réduire en moyenne de 50 % les émissions des bâtiments dans lesquels nous intervenons.

Nos quatre plus récents projets dans des établissements scolaires procureront même des réductions allant de 60 à 92 %. Nous estimons d’ailleurs que nos projets, dont la valeur dépasse le milliard de dollars, ont fait économiser à nos clients 587 millions de dollars en frais d’énergie cumulés et évité l’émission de 800 000 tonnes de GES.

Nous ne prétendons pas ici que de telles réductions soient reproductibles de façon systématique et constante. Elles illustrent tout simplement ce qu’il est possible d’accomplir.

Le Québec possède plusieurs atouts pour réduire ses GES : la force de ses capacités hydroélectriques, des technologies éprouvées, quelques programmes de subventions et une expertise enviable dans le domaine. Ceci dit, il faut aller plus loin et ajouter d’autres leviers qui sont à notre portée et que d’autres pays ont déjà déployés.

Notre expérience nous a entre autres démontré que les résultats des projets se concrétisent lorsque les intérêts sont alignés. Pour y arriver, il faut mettre un prix sur le carbone, fournir des mesures incitatives audacieuses, instaurer des contraintes réglementaires pour favoriser le changement et miser sur des contrats ou des modes d’approvisionnement axés sur les résultats environnementaux et financiers.

Nous avons besoin que le gouvernement crée un environnement propice à l’innovation et à l’implantation de solutions créatives plutôt que de nous dire qu’il nous est impossible de respecter nos engagements internationaux et d’offrir à nos enfants un environnement viable.

Plus précisément, nous avons besoin de simplicité dans le financement et l’accès aux subventions, ainsi que d’écofiscalité. Les approches lourdes et complexes actuelles retardent et limitent le démarrage des projets. Il faut que le gouvernement hausse la barre et donne les outils pour que l’industrie trouve des solutions.

Bref, comme je viens de le souligner, la décarbonation de nos industries et de nos bâtiments est déjà amorcée. Plutôt que d’être découragés face à l’avenir, nous devrions utiliser tous les leviers et technologies disponibles afin de répondre « présent » dès maintenant pour atteindre nos cibles de réduction d’émissions de GES.

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