Après chaque bulletin de nouvelles, nous constatons le lourd tribut de la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine.

Les Ukrainiens voient leur vie bouleversée alors que leur démocratie se défend contre les attaques d’un voisin tyrannique. Le Canada s’est déjà engagé, avec raison, à tout faire pour offrir de l’aide humanitaire et de l’équipement militaire à l’Ukraine. Or, cette situation souligne à quel point notre pays est mal préparé pour soutenir ses alliés et ses intérêts à l’étranger ; des intérêts comme la paix, la démocratie, les droits de la personne et un ordre mondial fondé sur des règles.

À la lumière des évènements en Ukraine, la conclusion s’impose que le Canada devra investir dans tous les secteurs de la politique étrangère comme il ne l’a pas fait depuis plus d’une génération.

Au cours du siècle dernier, le Canada a pris part aux deux guerres mondiales et à la guerre de Corée, a investi dans les plans Marshall et Colombo, a participé à la création d’institutions financières mondiales à Bretton Woods, a lancé le modèle des opérations de maintien de la paix de l’ONU lors de la crise du canal de Suez, a participé au lancement de la Francophonie et a aidé à rallier le Commonwealth à la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud.

Petit pays jeune au passé colonialiste complexe, le Canada a contribué de façon disproportionnée à la création d’un ordre mondial fondé sur des règles, ainsi qu’aux progrès en matière de commerce, de droits de la personne et de valeurs démocratiques. Des progrès dont il a immensément profité au cours des 60 dernières années.

Les dividendes de la paix des décennies d’après-guerre nous ont permis d’investir davantage au pays. Résultat : le ratio actuel entre les dépenses internes et les dépenses à l’international est complètement déphasé. Pendant les années 1950 et 1960, nos dépenses militaires représentaient à elles seules tout près de 9 % de notre PIB. Aujourd’hui, la totalité des dépenses au sein des quatre piliers de la politique étrangère (diplomatie, commerce, aide internationale et défense) en représente moins de 2 %. Alors que nous traversons une nouvelle période de bouleversements géopolitiques dus aux changements climatiques et au repositionnement des superpuissances, la part du budget consacrée à notre politique étrangère est bien en deçà de celle de nos principaux alliés.

Le budget consacré à la défense est un sujet chaud actuellement en raison de la guerre qui fait rage en Ukraine. Mais nous ne devons pas perdre de vue le rôle essentiel de l’aide au développement et de la diplomatie canadienne.

Ces deux volets sont essentiels pour profiter des avantages socioéconomiques de la paix et prévenir les coûts exorbitants de la guerre.

La pénurie de ressources et l’insécurité économique portent atteinte aux droits de la personne et à la démocratie et augmentent les risques de conflit. La Banque mondiale prévoit que d’ici 2030, près des deux tiers des personnes en situation d’extrême pauvreté vivront dans des zones en proie à des conflits.

Alors que le gouvernement libéral se prépare à dévoiler son budget, les menaces mondiales à la sécurité, à la démocratie et aux droits de la personne s’intensifient. Des voix s’élèvent pour que le Canada investisse 2 % de son PIB dans les dépenses militaires, comme le prévoit l’OTAN (présentement à 1,4 %). Le Canada devrait également réaffirmer son engagement d’investir 0,7 % de son PIB dans l’aide au développement (présentement à 0,3 %). Dans son prochain budget, le Canada devrait augmenter considérablement le financement annuel prévisible de l’aide internationale.

L’Ukraine est une poudrière aujourd’hui. Malheureusement, il y aura d’autres crises demain. Nous voyons déjà les conséquences de ce conflit sur d’autres pays.

Bien des pays en développement risquent de subir des pénuries de nourriture en raison de la perturbation de la production alimentaire en Russie et en Ukraine.

Or, de telles pénuries en Afrique du Nord et au Moyen-Orient risquent de contribuer à l’exode de leurs habitants en direction de l’Europe.

Comme le dit le dicton, vaut mieux prévenir que guérir. L’aide internationale peut éviter les coûts astronomiques des crises économiques, des maladies et des changements climatiques. Elle peut aussi accroître l’influence du Canada et contribuer à la paix mondiale que nous souhaitons.

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