Chaque retard dans le projet de tramway nous prive d’un moyen reconnu par la science de prévenir de nombreuses maladies chroniques souvent mortelles, de réduire la facture liée à leur prise en charge et de décongestionner le système de santé.

En effet, un tramway électrifié à Québec permettrait de réduire la pollution de l’air, issue principalement du transport automobile. Chaque année, la pollution de l’air est responsable de 300 morts prématurées dans la ville, avec des coûts sanitaires estimés à environ 2 milliards de dollars.

Heureusement, tous les Québécois touchés par la pollution de l’air n’en meurent pas. Toutefois, les préjudices pour la santé sont majeurs : dans un pays comme le nôtre, la pollution de l’air est associée à une proportion significative des maladies cardiovasculaires et des cancers respiratoires. Plus encore, les impacts se font ressentir sur pratiquement tous les organes du corps humain, y compris le cerveau. Par exemple, la pollution de l’air a été liée, chez les enfants, à des retards cognitifs et à l’autisme, et chez les adultes, à la démence.

Un transport en commun attrayant permet aussi de lutter contre le manque d’activité physique. En effet, les usagers du transport en commun sont quatre fois plus susceptibles de marcher les 10 000 pas/jour recommandés par leur médecin que les automobilistes. Cet effet du transport en commun est d’autant plus important pour la santé que le manque d’activité physique a été lié à des taux plus élevés d’obésité, de cancer, de maladie cardiaque, d’hypertension et de diabète.

Une rue partagée à la hauteur de Cartier nous apparaît une solution formidable pour la santé. Elle permet de donner un espace de qualité aux humains et de protéger les arbres urbains existants. En plus d’encourager la mobilité active, cet espace attrayant permettra à ceux qui le fréquenteront d’entrer en contact avec d’autres personnes. Ce genre d’aménagement est reconnu efficace pour lutter contre l’isolement social, un problème sociétal aggravé récemment par la pandémie. Par souci d’équité entre les quartiers, nous suggérons même que ces aménagements soient répliqués à d’autres endroits sur le tracé.

La protection des arbres urbains est un autre élément vital pour les citoyens. Leurs bénéfices sanitaires sont multiples et importants.

Les arbres urbains captent les polluants de l’air nocifs pour la santé, apaisent les humains en diminuant les taux de cortisol (l’hormone du stress), incitent à l’exercice par leur aspect attrayant, et sont une stratégie efficace d’adaptation climatique.

Selon plusieurs études médicales, un verdissement urbain optimal permet de diminuer dépression, maladie cardiaque, diabète, embonpoint, cancer et mortalité prématurée. Or, ces effets bénéfiques sont extrêmement locaux. Un arbre à la hauteur de Cartier protège les résidants et usagers du secteur et ne peut être remplacé par un arbre situé ailleurs en ville.

Lorsqu’un transport en commun efficace, rapide et confortable attire les gens, plusieurs délaissent naturellement leur auto pour se déplacer. C’est un phénomène bien connu, appelé évaporation du trafic, qui contribue positivement à diminuer la congestion routière, source de pollution atmosphérique.

Il est temps de peser sur l’accélérateur pour la construction du tramway ! Québec doit se doter d’une option attrayante de transport en commun, qui s’ancre dans les meilleures solutions appuyées par la littérature scientifique. Bien exécuté, le projet pourrait être une source de bonne santé, tant physique que psychologique, et contribuer à alléger le fardeau des maladies chroniques sur notre réseau de la santé. Il est temps d’accueillir dès maintenant un tramway avec une rue partagée, comme d’autres villes l’ont fait. C’est l’ensemble de la population d’aujourd’hui et de demain qui en bénéficiera.

* Cosignataires : Frédéric Tupinier-Martin, médecin, coordonnateur région de Québec, Association québécoise des médecins pour l’environnement ; Johanne Elsener, médecin vétérinaire, présidente de Santé Urbanité

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