Le centre-ville que l’on connaît aujourd’hui s’est transformé au rythme des crises, des réformes et des grands projets de la Révolution tranquille qui ont donné à Montréal son statut de métropole internationale. Notre centre-ville est ainsi un grand chantier à ciel ouvert ; un reflet de son évolution et de son émancipation.

Le siège social d’Hydro-Québec, le métro de Montréal, la Place Ville Marie et ses galeries souterraines, tout comme le Complexe Desjardins inauguré en 1976 et le Palais des Congrès, en 1983, sont tous des symboles emblématiques de cette époque dont la vivacité et l’audace font la force du centre-ville d’aujourd’hui.

Cette métamorphose progressive doit également beaucoup à la démocratisation de l’enseignement supérieur qui, avec l’inauguration de l’UQAM en 1969, de Concordia en 1974 et l’agrandissement soutenu de McGill, a hissé Montréal au titre de capitale universitaire du Canada. D’ailleurs, cette métamorphose se poursuit allègrement : après 50 ans d’absence, HEC Montréal inaugurera à l’automne son pavillon du centre-ville et l’Université McGill propose un ambitieux projet d’agrandissement sur l’ancien site de l’hôpital Royal Victoria.

Et que dire du bouillonnement culturel des années 1960 grâce auquel notre centre-ville devient le pôle culturel que l’on connaît ! La multiplication des lieux de diffusion, dont la Place des Arts et le Théâtre du Nouveau Monde, fait aujourd’hui de Montréal une capitale culturelle qui assure le rayonnement du Québec à l’international. Même en pleine pandémie, ce pôle culturel a su attirer Québécois et touristes des quatre coins du pays. Alors que vient d’être inaugurée la magnifique Esplanade Tranquille et que l’Îlot Balmoral et l’Édifice Wilder réunissent aujourd’hui certains de nos plus grands fleurons culturels, dont l’ONF, les Grands Ballets canadiens et l’École de danse contemporaine de Montréal, ce bouillonnement ne montre aucun signe de ralentissement.

Une effervescence toujours bien présente

Malgré la longue période de Grande Noirceur provoquée par deux décennies de récession entre 1976 et 1996, notre centre-ville a tenu bon grâce, entre autres, à la diversification de l’économie montréalaise et à la modernisation d’infrastructures stratégiques comme la Place des Festivals et le Quartier international. Ces grands projets ont fait surgir un dynamisme nouveau, toujours bien présent avant la pandémie et qui ne l’a jamais quitté malgré les turbulences qu’elle aura causées.

Nous nous sommes empressés de parler de « relance » pour réactiver le centre-ville, en perdant de vue l’essentiel : notre centre-ville n’a jamais cessé d’être actif.

La métamorphose de la rue Sainte-Catherine Ouest, la revitalisation des squares emblématiques Phillips et Dorchester, la création de la place de l’avenue McGill et la place Oscar-Peterson, la connexion du centre-ville à l’aéroport par le REM, la réfection de la Place Ville Marie, le projet de redéveloppement de la Maison Alcan, la construction du nouveau siège social de la Banque Nationale : tous des projets réalisés ou en cours qui contribuent à renforcer le positionnement stratégique du cœur de Montréal et sa réputation de métropole internationale. Le projet de développement du magasin La Baie, premier du genre au pays, ainsi que l’ambitieux projet de réaménagement de l’usine Molson s’inscrivent aussi dans ce dynamisme historique que vit notre centre-ville.

Principal pôle touristique du Québec accueillant plus de 50 % de tous les touristes qui visitent la Belle Province, notre centre-ville est aussi la capitale nord-américaine pour l’accueil des congrès internationaux, dont plus de 180 sont déjà prévus en 2022. L’on s’y rend et l’on s’y rendra encore pour le plaisir de découvrir notre patrimoine, notre culture, notre savoir, nos commerces, notre gastronomie, notre langue et nos grands événements qui font rayonner le Québec partout dans le monde.

Malgré les cônes orange, dont plus de la moitié s’expliquent par des projets de construction privés, notre centre-ville est beau comme il ne l’a jamais été. Il connaît une croissance démographique fulgurante – au deuxième rang des plus grandes hausses démographiques au Canada, et un boom immobilier sans précédent avec plus de 13 % des mises en chantier de la Région métropolitaine de Montréal en 2021.

À l’image de son dynamisme culturel et économique qui attire talents, entrepreneurs, universitaires, artistes et investisseurs internationaux, le centre-ville présente aujourd’hui le plus haut taux de retour des travailleurs en Amérique du Nord.

Alors que nous tenions le centre-ville de Montréal pour acquis, cette pandémie nous aura rappelé son importance. En ce sens, cette crise aura contribué à un réveil collectif et nécessaire, une prise de conscience de l’importance de valoriser notre savoir-faire pour répondre aux défis collectifs, rehausser l’attractivité de notre centre-ville, le rendre encore plus prospère, plus accessible, plus respectueux de l’environnement et plus habitable, mais aussi pour en être fiers.

Son développement suscite l’enthousiasme de tous les milieux. Le défi est maintenant de nous arrimer, de renforcer la complémentarité et la synergie entre nos efforts et expertises plutôt que de reculer aux silos d’autrefois. Pour ce faire, il faut se rallier autour d’un modèle de gouvernance pragmatique à l’instar de ce qu’on retrouve dans d’autres grands centres-villes tels qu’à New York et Chicago. Il nous faut créer une véritable alliance pour le centre-ville de demain.

Parce qu’au fond, le centre-ville de Montréal est bien plus qu’un centre-ville. Il est, peut-être, quelque chose comme… un grand centre-ville.

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