Il est évident que les évènements des derniers jours ont accentué l’attention portée à nos institutions internationales et à leur pouvoir afin de contrer une violation flagrante de la sacro-sainte souveraineté des États. Les institutions dites multilatérales, telles l’Organisation des Nations unies (ONU), l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et l’Union européenne (UE), se voient mises à mal et mettent au jour leur portée et, du même coup, leur pertinence.

Cette situation m’a rappelé une question qui m’a été posée récemment. En discussion avec un professeur de mathématiques, il y a de cela quelques mois, celui-ci m’a lancé : « Le droit international, ça existe encore ? »

J’étais médusé. À quelques semaines de terminer mes études en relations internationales et droit international, je trouvais cette question paradoxalement complexe et rhétorique. Que répondre à cette question aussi simple qu’audacieuse ?

Après tout, le droit international a toujours existé malgré nous. Que l’on parle de la Rome antique ou de l’Empire chinois, en passant par les croisades et la conquête du monde, les relations internationales ont toujours existé, formant (de manière articulée ou non) une dynamique, voire une structure, que l’on peut considérer comme étant du droit international.

Dans les derniers siècles, le traité de Westphalie est venu délimiter notre Terre de manière quasichirurgicale, alors que l’ONU a été créée dans le but de servir de forum international, mais aussi d’entité de maintien de la paix. Ces évènements, parmi bien d’autres, ont mené à l’articulation d’un droit international tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Mais alors, pourquoi cette question ? Peut-être parce que nous avons le sentiment, justifié ou non, de nous sentir trahis par ce droit international.

Chez les jeunes de mon âge, notre éveil politique s’est fait à la fin du secondaire, alors qu’un certain milliardaire mégalomane s’est emparé de la présidence d’une superpuissance mondiale. En parallèle, l’ONU et d’autres organisations persistent à prouver leur lenteur, voire leur impuissance face aux phénomènes parmi les plus graves de notre planète, tels que des génocides et l’urgence climatique. Sans parler de l’effritement de l’Union européenne et de la drôle de machine que constitue le Comité international olympique. De surcroît, n’ayant vécu ni la guerre froide ni une guerre mondiale, ma génération vit différemment sa relation avec les institutions internationales et ne sent pas nécessairement sa pertinence de la même manière que des générations antérieures.

Si je vous écris aujourd’hui, c’est que je souhaite expliciter mon constat quant à l’évolution profonde de la vision accordée au droit international. Cette lettre se veut une autopsie préliminaire d’un domaine qui, tel qu’il est, pourra de moins en moins se remettre des lourdes cicatrices infligées dans la dernière décennie.

J’ai le profond souhait qu’un certain droit international multilatéral puisse réellement exister et persister. Et selon moi, cela est toujours possible.

Si les étudiants (mais aussi les professeurs) semblent de plus en plus cyniques, je souhaite toutefois vous assurer qu’ils gardent tous une vitalité et une passion qui permettra au monde d’évoluer dans le bon sens.

Finalement, la question à savoir si le droit international existe encore est beaucoup plus révélatrice que sa réponse. Si vous me demandez mon avis, j’imagine que oui, le droit international existe encore. Mais cette quête de paix mondiale ne devrait pas être uniquement un produit de mon imaginaire. Néanmoins, je vous invite tous chaleureusement à vous aussi continuer à croire activement aux vertus du dialogue, du pacifisme et de l’optimisme. Parce que c’est ce qu’il nous reste.

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