Si vous me demandez combien coûte la liberté, je vous répondrai que la liberté n’a pas de prix. Comme tous mes compatriotes, mes frères et sœurs, mon peuple ukrainien, nous savons très bien combien coûte la liberté et quel prix nous sommes prêts à payer. Et les autres, sont-ils prêts à payer le même prix ?

Le 24 février 2022, date à laquelle le monde entier s’est réveillé, non pas par un réveil matinal qui nous prépare à une nouvelle journée, mais plutôt par des échos de bombardements de l’autre côté de la planète. Avec ces échos, nous nous sommes non seulement souvenus que la paix est fragile, mais nous avons également remis en question la validité de toutes les institutions internationales auxquelles nous faisons tellement confiance. Le droit international : menacé ou limité ? Les garants de paix : protecteurs ou spectateurs ? Des questions auxquelles nous n’avons toujours pas trouvé la réponse. En effet, le Conseil de sécurité – garant de la paix – n’a pas pu autoriser une action militaire en raison du veto russe. La non-application du pacte de l’OTAN à l’Ukraine, la non-ratification de la Russie à la Cour pénale internationale et la non-reconnaissance de la compétence de ladite Cour par la Russie montrent très clairement que le droit international a épuisé toutes ses limites.

Revenons à l’année 1994. L’Ukraine possède le troisième arsenal nucléaire au monde à cette époque. Forte, sans doute… Peu après, les grandes puissances de l’époque signent avec l’Ukraine le fameux mémorandum de Budapest, par lequel elle a obtenu des garanties d’intégrité territoriale et de sécurité, en échange de la dénucléarisation du pays. La Russie, signataire de ce mémorandum, ne se prive pas, en 2014, d’envahir la Crimée et deux régions de l’Ukraine, pendant que les garants de paix demeurent « préoccupés » et assez silencieux, sans imposer le droit de protéger l’Ukraine qui lui était expressément garanti. Ni plus ni moins comme le contexte actuel de la guerre.

Aujourd’hui, l’Ukraine et le peuple ukrainien sont des synonymes de vérité, résistance, liberté. Comme personne d’autre au monde, ils protègent les valeurs démocratiques qui nous sont si chères.

Étudiant le droit international et les relations internationales à l’UQAM, pour moi comme pour d’autres jeunes spécialistes dans ce domaine, il nous reste à réétudier les grandes théories du droit international et ses limites. Dorénavant, nous sommes dans l’obligation d’établir un nouvel ordre de lois qui pourra garantir la paix non seulement sur le papier, mais aussi en réalité. L’Ukraine, en remettant son arme nucléaire, a fait confiance à ce droit international, aux traités qu’elle a signés. Pourtant, « ce même droit » n’a pas pu protéger l’intégrité de son territoire et sauver les vies perdues de plusieurs milliers de personnes parties trop tôt.

Puisque je fais partie de ce brave peuple libre, il me reste à continuer cette bataille avec tous les moyens qui me sont possibles. Malgré le fait que c’est un temps difficile pour mon Ukraine, j’ai confiance que nous allons gagner cette guerre, car pour nous, la plus grande valeur est notre liberté et vous savez maintenant quel prix nous sommes prêts à payer.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion