Dans son discours sur l’état de l’Union du 1er mars, le président des États-Unis, Joe Biden, a dévoilé un nouveau système où des tests rapides de dépistage de la COVID-19 seraient effectués en pharmacie dans tout le pays. Les résultats positifs entraîneraient la remise immédiate et gratuite de traitements antiviraux aux patients.

Cette vision marque une nouvelle phase de la gestion de la pandémie. Alors que nous passons de la COVID-19 pandémique à endémique, bon nombre des activités interdites dans les deux dernières années seront désormais autorisées. Les mariages, cérémonies, célébrations et autres rassemblements, la participation aux évènements sportifs, les grands spectacles musicaux et culturels et les voyages seront désormais ouverts. Et alors que nous célébrons ces nouvelles libertés, il sera tentant de penser que la COVID-19 ne fera plus partie de notre vie. Rien ne pourrait être plus loin de la réalité.

En effet, la COVID-19 ne disparaîtra pas, et notre objectif doit rester de réduire son incidence sur la société et sur le système de santé. Notre première ligne de défense reste la vaccination. Il y a encore 15 % des Canadiens admissibles qui n’ont pas terminé leur première série de vaccinations, et seulement 50 % ont reçu leur dose de rappel. Même si la vaccination reste notre meilleure arme contre la transmission virale, et que les rappels doivent être encouragés de manière positive, il existe désormais des traitements qui peuvent considérablement réduire l’effet du virus chez les personnes infectées.

Pour revenir à une vie normale, il est nécessaire de protéger les personnes pour lesquelles le vaccin est moins efficace, les personnes à haut risque et celles dont le système immunitaire est compromis.

Les traitements tels que les anticorps monoclonaux et les thérapies antivirales ciblées sont très efficaces pour réduire le taux d’hospitalisation et de décès chez les adultes infectés par la COVID-19, en particulier chez les plus vulnérables. Le déploiement rapide de ces traitements nécessitera une approche systématique afin de réduire la charge de la COVID-19 sur le système de la santé. Différentes options de traitement seront nécessaires pour créer des plans thérapeutiques personnalisés en fonction des circonstances des patients.

L’une des principales difficultés est de faire connaître ces médicaments – leur efficacité ainsi que leur disponibilité. Tant les prestataires de soins de première ligne que le grand public ne connaissent pas toujours ces traitements, leur efficacité et la manière d’y accéder. Nous devons développer des processus afin de garantir que les patients à haut risque aient accès à une série de mesures qui commencent par un accès optimal au dépistage et qui aboutissent à un accès approprié au traitement. Les tests doivent être très précis, avec des délais d’exécution rapides. En outre, il est primordial d’établir un lien entre le dépistage et l’accès aux soins, de sorte que les patients admissibles puissent facilement accéder aux traitements dès l’obtention d’un résultat positif au test de COVID-19.

Cependant, pour que les avantages de cette approche soient optimaux, les professionnels de la santé doivent pouvoir accéder facilement et de toute urgence à tous les traitements disponibles. Les thérapies contre la COVID-19 ne sont pas universelles, et les professionnels de soins de santé doivent prendre des décisions personnalisées en fonction de facteurs propres à chaque patient – comme la capacité de prendre des médicaments, l’accès à un centre de perfusion, le risque d’interactions entre médicaments et les conditions médicales sous-jacentes.

Les autorités canadiennes doivent donc approuver toutes les thérapies efficaces pour en améliorer l’accès, puis évaluer l’efficacité de ces thérapies sur le terrain. L’accès à un plus grand nombre de thérapies permettra une meilleure diffusion dans les communautés éloignées et garantira une plus grande équité d’accès.

Enfin, des chaînes d’approvisionnement stables de ces médicaments permettront de créer des systèmes fiables pour les patients et leurs soignants, afin de garantir un accès optimisé.

La façon dont nous gérerons la COVID-19 en 2022 sera très différente de celle au début de la pandémie. L’accès à une série complète de vaccins a atténué les conséquences graves chez la grande majorité de la population. Cependant, nous devons reconnaître qu’au moment où nous passons à la phase endémique, il est nécessaire d’accorder la priorité aux traitements, en particulier chez les groupes les plus vulnérables, afin de fournir une autre série de protections. Au fur et à mesure que ces progrès se poursuivront, ils mèneront à une gestion plus efficace de nos capacités de soins de santé, un principe fondamental de notre réponse à la pandémie.

Le Canada a besoin d’un plan. La poursuite des activités de sensibilisation, d’éducation et de communication ainsi que l’accès à tous les nouveaux médicaments seront essentiels pour que nous puissions vivre avec la COVID-19 à long terme. Après tous les sacrifices effectués au cours des deux dernières années, les Canadiens ne méritent pas moins.

* Cosignataires : Zain Chagla, médecin spécialiste des maladies infectieuses au St. Joe’s Hamilton et professeur associé à l’Université McMaster ; Jia Hu, médecin de santé publique, présidente-directrice générale et cofondatrice de 19 To Zero

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